Beaucoup de témoignages sur cette date sanglante de notre histoire révolutionnaire... Dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», Sora Productions et Acca ont organisé dimanche soir, à la salle Ibn Zeydoun la projection en avant-première du film documentaire Mémoire du 8 mai 45 d'une durée de 52mn. Ce film a été réalisé par Mariam Hamidat, hélas absente lors de la projection. Beaucoup de témoignages sur cette date sanglante de notre histoire révolutionnaire. Dans Mémoire du 8 mai 45, la réalisatrice va à la rencontre d'un groupe de personnes âgées ayant vécu dans leur chair ces terribles événements. Villages brûlés et décimés, des marches arrêtées, des hommes et femmes assassinés...A Sétif, Guelma et Kherrata, tout le monde se souvient comme si c'était hier. Face à ces souvenirs tourmentés et macabres, la réalisatrice leur oppose la sérénité d'un décor vierge, loin de tout bruit. En effet, dans le documentaire, on est d'emblée surpris par la beauté des paysages et des grandes étendues vertes où la réalisatrice a été pour puiser de la source, la mémoire de ces anciens. C'est l'armistice qui signifie la fin de la guerre en Europe, la fin du nazisme. C'est dans ce contexte que l'Algérie connaîtra son effroyable répression par les autorités coloniales de l'époque, comme l'explique dans le documentaire Bachir Boumaâza, ex-président du Sénat, originaire de Kherrata. Ce dernier se souvient avoir perdu beaucoup de ses amis et compagnons au retour dans son village. Des souvenirs qui remontent à la surface et nous font rappeler ces atrocités perpétrées à l'encontre de pauvres villageois algériens.. La révolte de Sétif, qui s'étend à Guelma, Bône, Biskra, Batna et Constantine, cristallise ainsi plus d'un siècle de frustrations et d'humiliations. La répression menée alors par le général Duval, engageant l'aviation et la marine, est d'une violence inouïe: en quelques semaines, 6000 à 8000 Algériens sont tués, 45.000 selon la mémoire collective algérienne. Le film se termine par une réflexion pertinente sur laquelle la réalisatrice a sciemment voulu mettre l'accent, en revenant sur son film après le générique. Le manque d'information ou le silence effrayant qui entoure ces massacres, en France, en dépit de la présence, comme l'a si bien signifié ce vieux moudjahid dans le film, dans chaque guerre, de journalistes qui sont là pour relater les faits. Et la réalisatrice, en arrière-champ, de répliquer: «Mais cela a toujours été gardé secret...» Voilà le coeur du sujet de ce film documentaire qui prend la peine de rapporter des faits historiques, connus certes mais pas encore transcrits ou dévoilés en images...Un travail de mémoire qui se fait aujourd'hui, au compte-gouttes, 50 ans après l'Indépendance et qui remet sur le tapis la fameuse affaire de l'ouverture des archives et la réappropriation de nos droits par la réhabilitation de notre histoire, laquelle commune avec la France, se doit d'être rédigée avec minutie et dans la totale objectivité...