Le gouvernement espagnol a décidé de mettre la deuxième génération maghrébine sous les feux de la police. Les Algériens et les Marocains sont suivis à la loupe par les services de renseignements et de sécurité espagnols. Les Pakistanais sont carrément dans le collimateur. Ce sont des mesures spéciales prises à l'encontre des Maghrébins, en particulier les Algériens et les Marocains, au nom, tout bonnement, de la lutte antiterroriste en Espagne. Cela vient en appoint de la politique de l'immigration sélective adoptée, sans la moindre gêne, par le président français Nicolas Sarkozy, initiateur pourtant d'un projet dit d'Union méditerranéenne. Le gouvernement espagnol a décidé donc, à en croire des compte-rendus publiés par la presse ibérique, de mettre la deuxième génération maghrébine sous les le contrôle continu de la police, «puisqu'elle est la plus sensible aux prêches de l'organisation Al Qaîda». Les mesures prises par les autorités espagnoles à l'encontre des Maghrébins interviennent au lendemain de l'énième appel au crime diffusé par le numéro deux d'Al Qaîda, Ayman Al-Zawahiri. Le 3 novembre dernier, le bras droit d'Oussama Ben Laden, a appelé les musulmans maghrébins à proclamer le «djihad» contre les intérêts des Etats-Unis, de la France et de l'Espagne dans les pays d'Afrique du Nord. Les conséquences de cet appel commencent bel et bien à se faire sentir au détriment d'une coopération pour une lutte antiterroriste commune et réfléchie entre Maghrébins et Européens. A l'origine des nouvelles mesures prises par les autorités du Royaume ibérique figurent des mises au point adressées au gouvernement par des experts en matière de sécurité. Ces derniers reprochent au gouvernement espagnol d'avoir braqué les radars uniquement sur la question liée au financement de «djihadistes» présumés. Ces mêmes experts ont recommandé de redoubler de vigilance désormais sur l'activisme de ces mêmes présumés. Les Algériens, les Marocains et les Pakistanais ont été placés dans la ligne de mire des responsables de la sécurité espagnole. Pour ainsi dire, les nouvelles menaces proférées par Ayman Al-Zawahiri n'ont pas été sans lendemain. Le coordinateur de la politique de lutte antiterroriste de l'Union européenne, Gilles de Kerchove, a jugé la semaine dernière qu'Al Qaîda demeure la principale menace pour la sécurité de l'Union, soulignant qu'«un attentat perpétré par des réseaux locaux ou internationaux reste probable». D'où l'affolement actuel constaté chez les Européens, à commencer par les Français et les Espagnols. L'Hexagone et les Etats-Unis se sentent plus menacés en raison de leur implication dans les crises du Moyen-Orient. Mais le cas espagnol est lié, à en croire les estimations des services de sécurité du Royaume de Juan Carlos, à la politique du «tout-sécuritaire» proclamée par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. En d'autres termes, même si l'Espagne a retiré ses troupes de l'Irak, le gouvernement Zapatero a entrepris une opération d'envergure contre les réseaux de financement et de recrutement de «djihadistes» pour «les besoins» de la guerre en Irak. Les nouvelles mesures sécuritaires prises par l'Espagne interviennent aussi au lendemain du procès d'individus, pour la plupart des Marocains, impliqués dans les attentats de Madrid du 11 mars 2004. Ainsi, outre la surveillance renforcée des Maghrébins, les autorités espagnoles chargées de la sécurité interne ont décidé de hisser l'alerte au plus haut niveau et de mobiliser quelque 1500 unités de la sécurité aux fins de faire front à d'éventuels attentats. Cela dit, il semble que les services de renseignements et de sécurité des Etats de l'Union européenne, particulièrement la France et l'Espagne, ont décidé de prendre au sérieux les nouvelles mises en garde d'Al-Zawahiri. Cela survient en l'absence d'une moindre déclaration officielle émanant des chefs d'Etats européens au sujet de ces mêmes menaces signées Al-Zawahiri.