Les services de sécurité européens s'intéressent de plus en plus aux Marocains, «nouvelles» stars du terrorisme international. Frappée en plein coeur par les attentats de jeudi dernier à Madrid, l'Europe (re)découvre soudain les nuisances du terrorisme que, c'est le moins qui puisse en être dit, nombreux sont les pays européens à avoir sous-estimé la dangerosité. Il aura fallu le désastre des attaques contre les tours du Word Trade Center à New York, pour que se démythifie une nébuleuse longtemps considérée comme un pis-aller par les démocraties occidentales qui, systématiquement, mettaient en avant le droit d'asile, singulièrement dans le cas des terroristes algériens qui ont trouvé refuge en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis notamment. Aussi, les attentats meurtriers de Madrid, les plus sanglants jamais commis depuis au moins trois décennies, ont-il ravivé les peurs d'une Europe devenue le centre stratégique d'où opère le terrorisme islamiste international. Curieusement, ce sont les Marocains que l'on retrouve depuis l'affaire du WTC derrière les principaux attentats induits au compte de la nébuleuse terroriste Al Qaîda d'Oussama Ben Laden. Les suspects marocains arrêtés à Madrid au lendemain des attentats contre les gares madrilènes, qui ont occasionné la mort de 200 personnes et des blessures, plus ou moins graves, de près de 1500 autres individus, ont remis à l'ordre du jour la piste marocaine et fait rouvrir par les services de sécurité européens maints dossiers dans lesquels sont impliqués des Marocains. Ainsi, selon la presse espagnole, la police semble avoir identifié six Marocains comme étant les poseurs de bombes dans les trains, leur attribuant l'organisation matérielle des attentats des gares madrilènes. Seul l'un des six se trouve parmi les suspects arrêtés samedi, les cinq autres étant en fuite. Dans ce contexte, les services italiens ont décidé de réexaminer le cas d'un Marocain, Abdelkader Laâgoub, arrêté en février dernier et dont le dossier va être réétudié à la lumière des attentats de Madrid, d'autant plus qu'il a été retrouvé chez lui une vidéo qui montrait des opérations de la guérilla en Irak, de même que, indique le journal La Républica, des documents d'identité des sept agents secrets espagnols, tués en novembre dernier en Irak, auraient été trouvés chez ce Marocain. C'est dire que le faisceau commence à se resserrer autour de la filière terroriste marocaine. De fait, les temps sont plutôt mauvais pour la mouvance intégriste marocaine qui se trouve ainsi dans le collimateur de tous les services de sécurité européens, lesquels épluchent leurs dossiers pour tenter, en priorité, de déterminer les liens éventuels existant entre les islamistes marocains et la nébuleuse Al Qaîda. Dans l'affaire des tours jumelles du WTC de New York, c'est un Français d'origine marocaine, Zakaria Moussaoui, détenu au secret aux Etats-Unis, qui est considéré comme l'une des figures de proue du terrorisme islamiste international, sinon l'un de ses commanditaires. De fait, un autre Marocain, Mounir Motassadek, a été jugé en Allemagne dans l'affaire des attentats anti-américains du 11 septembre, reconnu coupable de «complicité de meurtres» et condamné à 15 ans de réclusion criminelle. De fait, les enquêteurs ont estimé que la cellule de Hambourg, (Allemagne) dont faisait partie Mounir Motassadek aurait été partie prenante dans la planification des attentats new-yorkais. Ces réseaux terroristes marocains sont apparus au grand jour après les attentats sanglants de Casablanca au Maroc, au printemps de l'an dernier. Ainsi, lors des procès qui s'ensuivirent, un millier de terroristes islamistes marocains, ou soupçonnés appartenant à cette mouvance, ont été condamnés à plusieurs années de prison, dont une dizaine à perpétuité. Ce sont encore des terroristes marocains qui étaient derrière les attentats de Riyad qui ont fait des dizaines de morts. De fait, ce sont plus précisément deux organisations de l'islam intégriste marocain, la Salafiya Jihadiya et Assirat Al-Moustaquim qui se trouvent aujourd'hui au coeur de tous les soupçons, outre celui d'être, d'une manière ou d'une autre, derrière les nombreux attentats commis ces derniers mois en Europe, au Maroc et en Arabie Saoudite, notamment, mais aussi qui travaillent en coordination et sans doute sous-traitent pour le compte d'Al Qaîda, la nébuleuse terroriste d'Oussama Ben Laden. Notons que les autorités sécuritaires italiennes s'intéressent également à un Algérien, Abderrazak Mahdjoub, actuellement détenu en Allemagne, que Rome soupçonne de commanditer une organisation terroriste islamiste implantée dans le nord de l'Italie et liée, semble-t-il, à la hiérarchie d'Al Qaîda. De fait, les enquêtes croisées des services européens tentent de dresser l'ossature d'ensemble de la nébuleuse terroriste islamiste Al Qaîda et de ses divers démembrements et filières, dont la filière marocaine, aujourd'hui dans le collimateur des polices européennes, semble la plus importante et la mieux structurée.