Certains présidents de parti semblent s'être trompés d'élections. Comment les candidats aux prochaines législatives comptent-ils convaincre les électeurs? D'abord à choisir leurs programmes et ensuite d'aller voter en masse. Toutefois, certains présidents de parti semblent s'être trompés d'élections, en ayant, d'ores et déjà, les yeux rivés sur la présidentielle de 2009. Pour les trois partis de l'Alliance présidentielle, les thèmes développés comportent des messages codés, que seuls les destinataires peuvent décrypter. Au moment où Abdelaziz Belkhadem fait campagne pour la révision de la loi fondamentale, Ahmed Ouyahia axe sur le social. Tout en réitérant à chaque fois son soutien au chef de l'Etat, le patron du RND estime que la révision de la Constitution n'est pas à l'ordre du jour. Ouyahia n'omet pas, comme à son habitude, de rappeler certaines «constantes» politiques. Que son parti «est novembriste, nationaliste, toujours dans l'Alliance présidentielle et donc surtout pas un parti d'opposition!». Ce qui ne l'empêche pas, pour autant, de décocher des fléchettes en direction de M.Belkhadem, l'accusant d'user d'un discours «populiste». Le RND veut tirer profit des faiblesses du vieux parti, à peine sorti de la «crise» des listes de candidatures. Il est clair, que parler de harragas, d'érosion du pouvoir d'achat, de pomme de terre pourrie..., la cible est toute indiquée. Les auteurs de la crise sont connus aux yeux de l'ex-chef dd gouvernement. Ce sont les «lobbies de la corruption, du trafic et de la destruction économique». Pour preuve: à entendre, par exemple M.Harchaoui, ex-ministre des Finances demandant la fixation à 60 dollars le prix de référence du baril de pétrole dans le cadre de la loi de finances, est quelque peu paradoxal. Comment, en effet, un parti, qui affirme publiquement que l'augmentation des salaires est tributaire de la compétitivité et que les réserves de change sont «éphémères» demande la révision du prix actuel de référence du baril dans la loi de finances, fixé à 19 dollars? L'autre fait saillant de cette campagne: les partis ont, pour la première fois, ouvert le débat sur les codes communal et de wilaya. L'élargissement des prérogatives des élus locaux, l'augmentation des ressources financières, ainsi que la formation des cadres sont largement développés. Dans ce contexte, Ouyahia appelle à l'instauration d'un «système de sanctions». Se voulant plus précis, il ajoute que «si dans une commune il y a blocage et s'il y a anarchie par la faute des élus, je crois qu'il y a lieu de dissoudre cette assemblée et de penser à la renouveler.» Bien entendu, le patron du RND n'omet pas de mentionner la nécessité de relever le niveau de l'encadrement et surtout d'élargir les prérogatives des élus locaux. C'est d'ailleurs, la première fois que les partis politiques en lice pour les locales du 29 novembre, ouvrent le débat sur les nouveaux codes communal et de wilaya, avant même son examen par le Parlement. M.Ouyahia a également souligné l'intérêt qu'accorde son parti «au renforcement, par la décentralisation, du pouvoir décisionnel de ces entités de base de l'Etat, dans le but de susciter une dynamique de compétitivité favorable au développement». Plus discret, et sans doute échaudé par ses déclarations sur les «hauts responsables corrompus», le président du MSP axe sa campagne sur la proximité. Comme il demande un nouveau découpage administratif. Il en fait même son cheval de bataille. L'enjeu est capital. Il s'agit pour M.Soltani de ratisser large dans les wilayas du Sud, qui considèrent que l'ancien découpage ne les arrange pas. Le message est aussi indirectement adressé au FLN qui, rappelons-le, est l'artisan du découpage actuel. Par ailleurs, l'administration n'a pas été épargnée lors de cette campagne. Les plus virulents ne sont autres que les frères-ennemis, le FFS et le RCD. Le feuilleton des listes rejetées n'en finit pas, à un point tel que les deux leaders, Sadi et Tabbou, oublient l'essentiel. Pour Mme Hanoune qui a articulé sa campagne autour de la souveraineté nationale et la préservation des richesses, les prochaines élections locales constituent une occasion à saisir pour «exprimer la rupture avec la politique actuelle qui a favorisé l'émergence du phénomène des harragas et l'accaparement, par une minorité d'Algériens, des richesses nationales». De son côté, le Front national algérien (FNA) est déterminé à rompre avec les anciennes pratiques. Jouant sur la sensibilité des gens, Moussa Touati a sévèrement critiqué le fait que la situation du pays est en «flagrante contradiction» avec l'idéal pour lequel se sont sacrifiés les chouhada. Un autre aspect du discours politique qui n'apportera rien aux populations.