Le scrutin n'étant précédé d'aucun sondage sur les intentions de vote des électeurs, les partis restent prudents, mais optimistes. Au quatrième jour de la campagne électorale pour le scrutin du 10 octobre prochain, les observateurs et autres analystes de la scène politique nationale commencent à s'interroger sur un aspect fondamental et crucial de cette consultation populaire. Il s'agit du taux de participation des citoyens à ces locales. Leurs questionnements tournent autour du fait de savoir si l'adhésion, et donc la participation des populations, sera plus ou moins importante que celle enregistrée lors des dernières élections législatives il y a maintenant près de quatre mois. A l'évidence, et pour beaucoup de commentateurs, de par leur nature d'élections locales, c'est-à-dire de scrutin dont les enjeux sont d'abord et avant tout liés à des problèmes de proximité vécus localement par les citoyens, l'implication de ces derniers dans le devenir de la gestion des affaires de leur commune et de leur wilaya ne peut être que significative, voire importante. Et, donc le taux de participation des citoyens le jour du vote ne peut être que supérieur à celui enregistré lors des élections de mai dernier. Mais la politique, même politicienne et électoraliste, n'est pas une science exacte et comme tout phénomène politique et social, les surprises ne peuvent être exclues. Aussi, et pour cerner la question, nous avons demandé l'avis de certains responsables de partis politiques engagés dans la course à ces élections et qui ont bien voulu s'exprimer sur le sujet. Premier interrogé, le FLN, dont le secrétaire général est le Chef du gouvernement, et qui a remporté de surcroît la majorité dans les législatives, mais avec un très faible taux de participation des citoyens jamais enregistré auparavant. Il n'empêche que pour Abdeslam Médjahed, responsable de la communication au sein de cette formation, le FLN aborde ce rendez-vous avec «sérénité et modestie» et dans le cadre de ce qu'il a appelé la «démocratie participative» qui consiste, selon lui, à «rapprocher le citoyen des hommes qui vont gérer ses préoccupations quotidiennes. C'est la spécificité de chaque localité qui va définir les priorités, dit-il. «Les projections sont différentes et les estimations difficiles à faire même approximativement. Cependant, les citoyens vont se prononcer sur des candidats qu'ils connaissent et donc, selon nous, le taux de participation dans ces locales sera supérieur à celui enregistré lors des législatives». Pour le sénateur et membre du bureau politique du RND, Chiheb Seddik, la campagne électorale a débuté «timidement». «Certes, dit-il, l'accent est mis sur le développement local, et les Assemblées locales sont le moteur de ce développement auquel s'intéressent vivement les citoyens. Mais le délai très court entre les deux consultations populaires (législatives et locales) a créé une certaine saturation des électeurs. Le risque de l'abstention reste présent. Et, puis l'abstention est depuis quelque temps, une donnée universelle. Néanmoins, même dans les situations très difficiles nous avons pu atteindre un taux de participation se situant entre 40 et 50%». «C'est pourquoi, dit-il, il s'agit de crédibiliser ces élections, et à cette fin, on travaille pour avoir un taux de participation appréciable.» Quant au FFS, son chargé de communication, Ikhlef Bouaïche, est catégorique: «La participation du FFS à ces élections est d'abord une option politique et, dans ce cadre, toute arithmétique est exclue. Il s'agit de travailler à la sérénité et à l'apaisement.» Pour lui, «tous les pronostics alarmants et catastrophiques ont été battus en brèche et le FFS a été perçu comme une bouée de sauvetage, particulièrement en Kabylie». Toutefois, en dehors de cette région et de par «sa nature même, le mandat local est très différent du mandat national des législatives. Le lieu local est plus proche de la vie quotidienne des populations et de ses préoccupations relatives à la satisfaction des besoins fondamentaux (logement, emploi, eau potable, etc.), il va de soi que les citoyens sont plus mobilisés et cela pourrait se traduire par un taux de participation meilleur que celui des récentes législatives.» Enfin, de l'avis de Karim Labecheri, député et membre du bureau politique du PT, qui s'engage dans ce scrutin uniquement pour les wilayas, «au vu des premiers meetings et rassemblements organisés par le parti en ce début de campagne électorale, les échos semblent favorables, même si on a quelque part vidé de sa substance le geste de voter par une politique économique et sociale catastrophique.» D'après lui, «il faut d'abord commencer par tenir les promesses électorales faites lors de précédentes élections et régler les problèmes immédiats des citoyens». Autrement dit, pour le parti de Louisa Hanoune, «la participation des citoyens dépend de ce qu'on leur propose».Toutefois, selon ce responsable, «au-delà, des chiffres de la consultation, on sent que la population a besoin de débattre de ses problèmes». Il ressort de toutes ces appréciations que les partis restent comme d'habitude très prudents sur la participation des citoyens à ces joutes électorales, cela d'autant que le scrutin n'est précédé d'aucun sondage sur les intentions de vote des électeurs. Leurs estimations restent générales et approximatives devant l'imprévisibilité de l'électeur algérien. Mais cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas optimistes quant à un taux appréciable de participation des citoyens dans cette consultation populaire.