L'armée américaine est venue examiner de près le problème kurde et discuter avec les autorités turques. Deux généraux américains de haut rang se sont entretenus hier avec des militaires turcs sur la lutte contre les rebelles kurdes retranchés dans le nord de l'Irak, a annoncé l'armée turque. Le général James Cartwright, vice-président de l'état major américain, et le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, ont été reçus par le numéro deux de l'état-major turc, le général Ergin Saygun, a affirmé l'état-major dans un communiqué. «Au cours de la réunion ont été discutés les sujets intéressant les deux pays, l'Irak, la coopération et le partage renforcé de renseignements dans la lutte contre l'ennemi commun que constitue le PKK», poursuit le document. La réunion a été organisée «dans un but de coordination des questions militaires» après la rencontre survenue le 5 novembre à Washington entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président américain, George W.Bush, précise le communiqué. A l'issue de cet entretien, M.Bush avait annoncé que les Etats-Unis fourniraient à Ankara des renseignements ´´en temps réel´´ sur les mouvements des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), retranchés dans le nord de l'Irak, qu'il avait qualifiés d'´´ennemi commun´´ des Turcs et des Américains. Il avait indiqué que les trois généraux réunis hier à Ankara seraient chargés de la coordination de la lutte contre le PKK. Arrivés hier à Ankara, les généraux américains ont quitté la Turquie après la réunion pour se rendre en Irak, où ils doivent s'entretenir avec le gouvernement central et l'administration kurde du nord du pays, de l'attitude à adopter face au PKK, a rapporté la chaîne télévisée d'information NTV. La Turquie menace d'intervenir militairement dans le nord de l'Irak contre le PKK, qui utilise cette région comme base arrière pour des opérations dans le Sud-Est anatolien, peuplé majoritairement de Kurdes. Quelque 100.000 soldats ont été déployés près de la frontière irakienne. M.Erdogan a toutefois affirmé hier, qu'Ankara n'aurait pas immédiatement recours à des opérations transfrontalières, autorisées le mois dernier par une motion parlementaire. ´´Nous ne sommes pas des cowboys agitant leurs pistolets (...) Nos forces de sécurité utiliseront le mandat (qui leur a été donné) au moment voulu´´, a-t-il déclaré devant les députés de son Parti de la justice et du développement, ajoutant que le ´´bon sens´´ prévaudrait. Le ministre des Affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, a pour sa part estimé hier, lors d'une visite à Bruxelles, que le risque d'une invasion turque dans le nord de l'Irak avait diminué et qu'Ankara avait ´´sagement, montré beaucoup de retenue´´. Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne, a engagé une lutte armée depuis 1984 pour obtenir l'autonomie de l'est et du sud-est de la Turquie. Les affrontements ont fait plus de 37.000 morts.