Les différentes découvertes de culture de cannabis font craindre que l'Algérie passe du statut de pays consommateur à celui de producteur. La sonnette d'alarme est tirée. Les services de la Gendarmerie nationale ont saisi, au cours des 10 derniers mois, 4562,5kg de stupéfiants et 64.900 comprimés psychotropes. Un bilan auquel il faut ajouter la saisie de 1158kg de stupéfiants et de 3155 comprimés psychotropes de janvier à septembre 2007 par les services de la Sûreté de Bab El Oued. Des chiffres inquiétants révélés mercredi dernier, lors d'une journée de sensibilisation aux risques de la toxicomanie, du trafic de drogue, de l'émigration clandestine et des suicides chez les jeunes, organisée au Centre de formation et d'enseignement professionnels de Aïn Benian (Alger). L'Algérie est devenue une plaque tournante des réseaux de trafiquants de drogue. Pour faire face à ce fléau qui gangrène la société, la gendarmerie et la Sûreté nationales ont installé des cellules d'écoute où les jeunes toxicomanes trouveront aide et assistance. Ainsi, 18 cas de toxicomanie, dont nombre de lycéens et collégiens, ont déjà été pris en charge par la cellule de Bab El Oued. Au delà de ces données, l'Algérie semble glisser dans la nébuleuse africaine de consommation de drogue dure comme la cocaïne. Dans son dernier rapport annuel, l'Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime a dressé un tableau peu reluisant de la situation. De puissants réseaux de trafiquants ont accentué leurs activités en Afrique orientale pour faire transiter l'héroïne vers l'Europe. La traditionnelle voie de transit des Caraïbes a été délaissée pour des pays voisins comme la Guinée et la Guinée-Bissau avant de remonter la cargaison via les ports du Sénégal, de la Mauritanie et des Iles du Cap-Vert vers l'Europe. La menace d'une progression de la consommation en Afrique s'apparenterait à une véritable catastrophe qui «risquerait d'étendre la pandémie de sida avec l'utilisation de drogues par injection», notamment chez les jeunes. Les saisies opérées en Algérie, au Sénégal et dans d'autres pays africains, montrent que la tendance du trafic est à la hausse. En Algérie, les saisies par les services de Sûreté ont plus que doublé entre 2005 et 2006. La découverte de plantations de pavots et de cannabis dans différentes régions du pays, a confirmé les appréhensions des observateurs et des experts algériens qui ont attiré l'attention sur le danger de transformation de notre pays en terre de production. Les barons de la drogue en Algérie, qui bénéficieraient de complicités, tentent de trouver des solutions face à l'efficacité des services de Sûreté. Les trafiquants internationaux ont vu en l'Algérie, une solution de rechange après que le Maroc eut bénéficié d'une aide de l'UE pour la destruction des champs de cannabis. La bataille menée sur le terrain par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, sous la direction du magistrat, Abdelmalek Sayah, n'a pas encore dévoilé les véritables cerveaux du trafic. Par ailleurs, les nouvelles découvertes de culture de cannabis, font craindre que l'Algérie ne passe du statut de pays consommateur à celui de producteur. Cela fait aussi penser qu'il existe un lien étroit entre les narcotrafiquants et le terrorisme bien que les services de sécurité se refusent à faire tout rapprochement entre les deux fléaux. Cependant, un responsable du ministère de la Justice, Amar Mohamed, directeur général des affaires juridiques au ministère, a récemment confirmé ce lien. Lors de la récente visite à Alger de Mme Susan Hayden, conseillère auprès du ministère de la Justice américain, ce responsable a affirmé que «les réseaux de trafic de drogue financent le terrorisme en Algérie» qui fait appel à des financements occultes.