Des chercheurs de différentes disciplines se sont rencontrés à Nanterre, à l'initiative de la journaliste française Aline Pailler. Cette rencontre servira de tremplin au développement d'une réflexion collective, «dans un terrain pollué par la propagande» Premièrement, une telle initiative est importante à plus d'un titre en France, un Etat souvent hostile à la question sahraouie, du moins chez les politiques. Plusieurs observateurs s'accordent à dire que c'est en Hexagone, allié et parrain traditionnel du Royaume du Maroc, qu'il faut agir aujourd'hui pour débloquer les compteurs du statu quo politique actuel. La rencontre scientifique et de débat sur la question sahraouie a été organisée, hier, à l'université de Nanterre, dans la proche banlieue parisienne. Cette rencontre servira de tremplin pour développer une réflexion collective, «dans un terrain pollué par la propagande», pense Aline Pailler, journaliste à Radio France, présidente et animatrice de la rencontre. C'est une question difficile à traiter en France, certes, mais Aline Pailler croit qu'il est nécessaire et impératif de développer, en premier lieu, un débat autour de cette question et, arriver ensuite, à mobiliser les milieux politiques et associatifs français autour du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination consacrée par toutes les résolutions onusiennes. A la conférence, des scientifiques de plusieurs universités françaises, des chercheurs, des responsables de collectivités, d'avocats et de militants de la cause sahraouie étaient présents. Il y eut d'abord trois interventions de couleur historique, sociologique et géographique qui traitaient de l'histoire des territoires sahraouis, la géographie et la structuration de la société sahraouie à travers les temps. Julien Dedenis, doctorant en géographie à l'université de Rouen croit qu'il existe d'abord un double enjeu pour les Sahraouis. Il s'agit d'un enjeu territorial et d'un enjeu sociopolitique de la cause sahraouie. Julien Dedenis a remis au coeur des débats le rôle des camps des réfugiés, comme effet et comme catalyseur de la lutte et de la cause sahraouie. Les deux chercheurs sahraouis, historien et sociologue, respectivement Ouaballa El Kanti et Ali Omar Yara sont revenus, quant à eux, sur la sociologie des conflits et l'historicité et l'antériorité des territoires et de l'identité sahraouis. Ouaballa El Kanti estime qu'il n'existe aucun lien géographique entre les territoires sahraouis et le Maroc, encore moins un lien anthropologique entre les anciennes tribus sahraouies et les sultans du Maroc. Preuves à l'appui, l'historien sahraoui remonte dans le temps pour brandir les différentes recherches faites par des anthropologues, archéologues et historiens des quatre coins de la planète. Ali Omar Yara est allé jusqu'à accabler le Maroc et les intermédiaires qu'il qualifie de «grossistes» et qui sont à l'origine des blocages des aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis. A ces blocages s'ajoute l'exploitation illégale des richesses sahraouies qui est en contradiction avec le droit international. L'ouverture du volet humanitaire a été, en quelque sorte, le témoignage accablant d'une situation dramatique dans les territoires occupés du Sahara occidental. France Weyl, avocate et observatrice aux procès des militants sahraouis n'a pas lésiné sur les mots, quant à elle, pour faire le récapitulatif des violations des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental. France Weyl dénonce, tout d'abord, le refus par des institutions françaises à des témoins sahraouis de l'accès au territoire français et d'assister à la conférence. Selon l'avocate française, ayant visité à plusieurs reprises les territoires occupés, les procès des militants sahraouis ne peuvent être dénaturés et sont bel et bien des procès politiques et d'opinion, contrairement aux prétextes et fabulations avancés par les Marocains. Pour ainsi dire, il est vrai que la France constitue bel et bien un pays hostile au droit des Sahraouis à l'autodétermination, mais où tout de même le germe d'une mobilisation importante commence à prendre corps. Cela est important à plus d'un titre. Et va renforcer, à coup sûr, le travail fait par des associations de soutien et de solidarité espagnoles, italiennes et anglaises.