«Nous sommes déficitaires sur le plan de la gestion de la ville», avancent-ils. La négligence est devenue un sport national. Le constat est général. C'est une vérité que nul ne peut contester. Les responsables en sont conscients. D'ailleurs, pour une fois, ils reconnaissent leurs échecs. Suite aux intempéries enregistrées avant-hier, à Alger, qui ont causé la mort à deux personnes et huit autres blessés dans des éboulements et des glissements de terrains, les responsables de la wilaya d'Alger ont «réagi». Meziane Saïd, wali délégué de la circonscription administrative de Bab EL Oued a voulu faire son mea-culpa. «Nous sommes déficitaires sur le plan de la gestion de la ville. Je suis responsable et je déclare hautement que nous avons quelque part failli à notre mission» a-t-il affirmé. Et de se cacher derrière le fallacieux prétexte «ce n'est pas facile de gérer une grande ville comme Alger». Quels sont les enseignements tirés des inondations de Bab El Oued de novembre 2001? Rien ou presque. Au lieu de répondre directement, ce responsable est allé chercher comment endosser la responsabilité à x. Pour lui, il y a d'abord le manque de civisme chez les citoyens. Et après? Il y a le facteur climatique, enchaîne-t-il. On accuse «Dame nature». Normal, elle est le plus souvent muette. Mais quand elle gronde...«Ce sont les fortes chutes de pluie, estimées à plus de 150mm, qui ont causé cette situation», justifie-t-il. Encore un autre prétexte. Et d'insister: «Suite à la précipitation des eaux, les collecteurs n'ont pas pu évacuer, ni supporter cette grande quantité d'eau pluviale. Les réseaux étaient pleins. C'est pour cela que l'eau s'est répandue aux abords des collecteurs». A qui la faute? Et si un jour les chutes de pluie dépasseraient les 200mm? «Le problème ne réside pas dans la quantité d'eau pluviale. Il se situe dans les gravas emportés par les eaux pluviales. Ils provoquent l'obstruction des collecteurs». Tout en assumant leurs responsabilités, ces responsables font endosser quand même une part de responsabilité aux citoyens. «C'est cela le manque de civisme dont je parlais», déclare la même source. Quel est le sort des familles sinistrées? «On doit attendre. On procédera à l'étude de leur situation au cas par cas». Mais, l'urgence est signalée. Des dizaines de familles risquent de se retrouver sans abri. «On verra plus tard. La situation n'est pas aussi catastrophique que cela», minimise-t-il. Un responsable des travaux publics de la wilaya d'Alger enfonce le clou. D'après ce responsable, le pont enjambant l'oued Beni Messous sur la RN11 reliant les localités côtières de Aïn Benian et Staouéli, ouest d'Alger, a été mis en place d'une manière «provisoire». «On attendait la fin des travaux d'un autre pont pour le fermer», a-t-il déclaré. Ledit pont a été construit en 2001 après les inondations de Bab El Oued. Ce «provisoire» a duré plus de 6 ans! Voilà, comment les Algériens paient les caprices de «Dame nature», d'après nos responsables.