La tragédie de la colonisation et les souffrances qu'elle a induites pour le peuple algérien continuent d'agiter les deux rives de la Méditerranée. Des associations s'efforcent, d'une manière contradictoire, de faire un devoir de mémoire sur cette sombre période. C'est dans ce contexte que l'Instance algérienne de lutte contre la pensée coloniale, a lancé un appel aux peuples frères et amis d'Afrique anciennement colonisés dans la perspective d'unir leurs forces en vue d'obtenir la repentance pour les crimes commis en Afrique par la France, ancienne puissance coloniale. Dans ce cadre, l'Instance algérienne de lutte contre la pensée coloniale constituera, prochainement un comité technique de préparation, dans la perspective de mettre en oeuvre un congrès international de lutte contre la pensée coloniale. Le porte-parole de l'Instance, Ahmed Lakhdar Bensaïd, a indiqué que «tous les membres du comité vont se réunir pour l'organisation de ce colloque». Il a ajouté que des Algériens résidant à l'étranger prendront part à la mise en place du congrès. Le but de celui-ci est de regrouper tous les pays africains qui ont été colonisés par la France, y compris la Syrie et le Liban, afin d'ériger une instance revendicative oeuvrant pour la reconnaissance officielle par la France des crimes perpétrés contre ces peuples. Au niveau local, l'Instance algérienne de lutte contre la pensée coloniale revendique la création d'un tribunal algérien. Ce dernier pourra trancher dans les affaires des Algériens victimes de la guerre coloniale. De même que de mettre au point un programme en coordination avec les différents partis politiques et les associations nationales civiles. Le programme appellerait la France à exprimer une repentance vis-à-vis de l'Algérie. Notons que l'Instance algérienne est une organisation non gouvernementales (ONG). M.Ahmed Lakhdar Bensaïd a signalé que «notre problème n'est pas avec le peuple français mais avec le gouvernement français». Auparavant, Nicolas Sarkozy, lors de sa visite en Algérie, le 11 juillet 2006, a reconnu qu'il y a l'existence zones d'ombre et de beaucoup de souffrances lors de la présence française en Algérie. Mais qu'il n'y pas eu que cela, selon lui. Il a affirmé qu'il est pour une reconnaissance des faits, pas pour le repentir qui est une «notion religieuse» et n'a pas sa place «dans les relations d'Etat à Etat». Il a expliqué que les jeunes générations, de part et d'autre de la Méditerranée, sont tournées vers l'avenir plutôt que vers le passé et ce qu'elles veulent, ce sont des choses concrètes. Pour sa part, le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, a estimé que le plus important pour l'Algérie est la politique de Nicolas Sarkozy vis-à-vis de l'Algérie. Si la France ne reconnaît pas les crimes qu'elle a commis en Algérie, une normalisation ou une réconciliation n'est pas envisageable. Les relations ne dépasseront pas le cadre des échanges commerciaux. Parler d'un traité d'amitié ou de réconciliation sans excuses est impossible. Revenant sur les déclarations de M.Sarkozy selon lequel la repentance n'a pas de place dans les relations entre Etats, M.Abbas indique à ce propos: «Pourquoi la France reconnait ses crimes vis-à-vis des juifs victimes du régime de Vichy et ne le ferait pas pour ce qui est du peuple algérien?»