Les praticiens appellent le législateur à se pencher sur la question à travers l'élargissement des tableaux de réparation. Le sujet des cancers professionnels préoccupe sérieusement les acteurs du monde de la santé en Algérie. D'ailleurs, c'était le thème débattu, hier, au dernier jour du 7e Congrès maghrébin de la médecine du travail. «Entre 4 et 8% des cancers sont d'origine professionnelle», ont indiqué des praticiens participant au Congrès. Selon ces derniers, il est impératif de repérer systématiquement les facteurs de risques. Les praticiens appellent ainsi le législateur à se pencher sur la question à travers l'élargissement des tableaux de réparation, en fonction de l'évolution des connaissances médicales. Les participants font remarquer qu'en Algérie, il existe un tableau d'une douzaine de maladies professionnelles repérées, alors qu'en France il en existe plus d'une vingtaine. «Dans le cadre de la médecine du travail, la surveillance post-exposition et post-professionnelle devrait être considérée au même titre que la surveillance médicale périodique des travailleurs ayant été exposés à des agents ou procédés cancérigènes», ont-ils estimé. Un cancer est dit professionnel s'il est la conséquence directe de l'exposition du travailleur à un risque physique, chimique ou biologique, a expliqué le docteur Nasri M. (CHU Constantine). Le cancer étant une affection multifactorielle qui met en jeu des facteurs environnementaux (travail, famille,...) ou personnels (tabac,...), il est donc difficile d'évaluer avec précision la part attribuable aux facteurs professionnels, a-t-il indiqué. C'est pour cette raison, a-t-il poursuivi, qu'il est important de privilégier la prévention et d'actualiser les analyses de risques dans les entreprises pour garantir un confort professionnel aux travailleurs. «Toute démarche de prévention nécessite une évaluation du risque dont la première étape consiste à repérer les risques», a-t-il dit, faisant remarquer que le repérage n'est «pas simple». Des substances nouvelles, selon le Dr Nasri, apparaissent continuellement sur le marché sans qu'aucune appréciation scientifique n'ait été établie ou que l'on dispose de suffisamment de recul pour pouvoir les identifier en tant que facteurs cancérigènes. Les médecins du travail sont confrontés au problème de l'établissement de la relation entre la profession et la nature du cancer pour pouvoir indemniser les travailleurs. En outre, argumentent-ils, certains cancers (du sang, des os, des poumons) «ne se déclarent qu'après un temps de latence qui peut aller de 20 à 50 ans, donc bien après la retraite du travailleur. Après ce temps, on oublie même si ce patient a travaillé dans un milieu à risque», a souligné le Dr Nasri.