Plusieurs dizaines de jeunes et moins jeunes, hommes, femmes, sont sortis pour manifester leur ras-le-bol. En l'espace de près de quarante-huit heures la liste macabre des victimes des effondrements s'est alourdie. Le bilan tend à s'allonger avec les fortes pluies qui ne cessent de s'abattre sur la région ouest. Après l'ensevelissement d'une sexagénaire à Cholet, ouest d'Oran, durant la nuit de lundi à mardi, le même scénario s'est déroulée hier à 5h du matin à El Hamri. Seulement, cette fois, trois femmes, membres d'une même famille, dont une sexagénaire, sa fille et sa nièce, ont trouvé la mort à la suite de l'effondrement de deux dalles de deux niveaux. Aussi, un effondrement a causé des blessures à quatre personnes, toutes membres de la même famille. Les victimes ont été surprises, alors qu'elles dormaient, selon les témoignages recueillis sur place. Selon les constats établis, il s'agit d'un double effondrement. La dalle d'une chambre située au premier niveau s'est écroulée sur celle du rez-de-chaussée où se trouvaient les trois victimes. Ces dernières n'ont été retirées que tardivement par les secouristes, accuse le fils et frère des victimes. La mère n'a été retirée de sous les décombres que vers 7h du matin, soit près de deux heures après le sinistre, a indiqué le parent des victimes. Quant aux deux filles, elles, ont été retirées à 8 heures. L'incident d'hier a été la goutte qui a fait déborder le vase. C'est l'étincelle qui a provoqué la révolte des Hamraoua, lesquels n'ont pas tardé à sortir dans la rue. Plusieurs dizaines de jeunes, moins jeunes, hommes et femmes n'ont pas caché leur colère. Ils sont sortis pour manifester leur ras-le-bol, scandant des slogans hostiles à l'administration. Un impressionnant dispositif de sécurité arrive en renfort. Les brigades anti-émeutes interviennent et quadrillent la foule en furie. Un affrontement s'est, de fait, dessiné mais a vite été évité. La maîtrise intelligente de la foule par les forces de l'ordre a évité le drame, du moins au moment où nous nous couvrons l'événement. C'est ainsi que les premiers jets de pierre commençaient pendant que les forces anti-émeutes, sont restées attentives à la situation. Plusieurs véhicules ont été légèrement endommagés, dont certains appartiennent aux forces de l'ordre. Aucune riposte de ces dernières n'a été relevée à l'exception de leur écoute affichée en faveur des doléances des mécontents. La foule grandissait. Les alentours de la gare routière d'El Hamri et du cimetière chrétien étaient quadrillés par, d'un côté les policiers, et de l'autre, les jeunes en furie. Ces derniers ont exigé la présence du wali d'Oran. Le but étant de trouver une solution définitive à la sempiternelle menace du vieux bâti. Une délégation constituée de cinq représentants d'El Hamri devait être déléguée. En vain. Les tractations et les cris des uns et des autres n'ont pu permettre aux Hamraoui de déléguer cette délégation. Le chef de daïra par intérim arrive sur place. Il promet de constater en personne les dégâts et de prendre des mesures sérieuses en présence de la presse. A ce niveau, les mécontents ont rejeté la presse écrite et exigé la présence de la presse audiovisuelle. Une véritable cacophonie s'est alors installée. Aucune solution ne semblait se profiler à l'horizon, du moins pour l'heure. A l'heure où nous mettons sous presse, les habitants d'El Hamri, campent sur leurs positions. Et le pire est à craindre après l'enterrement des trois victimes de l'effondrement. La situation est très précaire.