Ils sont aujourd'hui plus d'une vingtaine à faire les beaux jours de l'athlétisme d'autres pays. Kassaman n'a retenti que deux fois lors des épreuves d'athlétisme des 11es Jeux sportifs arabes qui viennent de se dérouler en Egypte. Deux petites médailles d'or décrochées par une délégation qui dira qu'elle ne comprenait pas en son sein les meilleurs athlètes algériens. Ce qui est certainement vrai, comme il est vrai que de nombreux pays y ont également délégué leur équipe B. Et parmi ces derniers figurent la Tunisie qui nous devance presque partout, notamment dans le tableau final des médailles et celui, particulier, de l'athlétisme. De toute manière, même avec nos meilleurs athlètes, la moisson n'aurait pas été plus prolifique. A Alger, lors de la 10e édition qui avait eu lieu à Alger, les Verts avaient remporté 15 médailles en vermeil dans cette discipline. Deux années plus tard, ils se sont contentés de monter deux fois sur la plus haute marche du podium. Il est donc loin le renouveau de l'athlétisme algérien qu'on nous avait promis au moment du changement de la direction de la Fédération qui gère ce sport. Ce que l'on a du mal à comprendre, c'est que des structures existent dans le pays pour la préparation de nos athlètes. Mais, au lieu d'en bénéficier sans la moindre contrainte, ils sont, parfois, obligés de supplier des gens pour qu'ils leur ouvrent les portes de ces structures. Le drame, c'est que ces structures sont sous la tutelle du ministère, censé apporter tout son soutien au sport algérien, le MJS. On ajoutera que depuis maintenant deux ans, le site de Tikjda est prêt pour la préparation en altitude. Nous aurions aimé entendre parler de stages, dans ce site, organisés par la Fédération algérienne d'athlétisme. Il semblerait, selon ce que nous avons appris au Caire, que pour le faire, c'est une véritable prouesse qu'il faudrait accomplir auprès de certains services du MJS très réticents à dénouer les cordons de la bourse. L'actuel ministre est, très certainement, dans l'ignorance d'une telle situation, lui qui ne peut contrôler ce que font les directions chargées de la gestion du sport, notamment celui de l'élite. Des subventions sont bien distribuées avec beaucoup de retard aux Fédérations sportives, souvent même après une compétition internationale pour les besoins de laquelle elles étaient destinées. Cela sans compter le refus de nombre d'entraîneurs à refuser Tikjda et à vouloir effectuer la préparation de leurs athlètes ailleurs, entendez par là, à l'étranger. Ce que l'on peut retenir, c'est qu'aux derniers Modiaux d'Osaka, les deux seuls Algériens a avoir atteint une finale, celle du 1500 m, à savoir Boukensa et Zerguelaïne, étaient aussi les seuls à avoir utilisé les structures d'accueil de Tikjda (on parle ici de sportifs qui sont passés par des tours de qualification et non de ceux qui ont couru une finale sans passer par cette obligation). Et nous avons appris que Boukensa, Zerguelaïne et quelques uns de leurs camarades, sont les seuls à s'entraîner en ce moment à Tikjda. Des techniciens qui ont encadré la sélection algérienne d'athlétisme aux 11es Jeux sportifs arabes du Caire nous ont soulevé le problème posé par le suivi médical. «Ce n'est pas au médecin que nous en voulons, nous ont-ils dit, mais aux deux kinésithérapeutes qui nous ont accompagnés. Trouvez-vous normal qu'ils n'aient même pas un bout de coton avec eux? C'était comme s'ils n'étaient pas intéressés par ce que nous faisions. Lors des entraînements, ils restaient à l'hôtel. Heureusement que le médecin était là, car lui, nous suivait partout». Cette manière de se focaliser sur deux personnes chargées du suivi médical doit, cependant, être relativisée. Ces «kinés» que l'on voue aux gémonies sont-ils régulièrement payés par la Fédération? Ce n'est là qu'une des questions que l'on peut se poser à leur sujet. On peut, également, se demander s'ils sont rémunérés à leur juste valeur. C'est bien de recruter des gens, le tout est de les rétribuer selon leurs compétences. Mais aussi de les traiter d'une manière équitable. On avait, dernièrement, fait référence aux «kinés» que la Fédération voulait envoyer à Tikjda, mais qui ne se sont pas déplacés vers ce site. Selon des avis convergents, ces «kinés» que l'on essaie d'envoyer à Tikjda pour des stages sont ignorés lorsqu'il s'agit de confectionner une liste du staff médical chargé d'encadrer une sélection dans une compétition internationale. A titre d'exemple, on nous a cité les derniers Jeux africains. Lors des 11es Jeux sportifs du Caire, si les athlètes algériens n'ont pas particulièrement brillé, ce n'était pas le cas des entraîneurs algériens qui, eux, ont fait monter plusieurs de leurs athlètes sur la plus haute marche du podium. Ces entraîneurs exercent dans les sélections d'autres pays après avoir été rejetés par les leurs. Ce sont tous des cadres formés par l'école et les instituts algériens qui ont quitté l'Algérie pour chercher une vie meilleure sur le plan social. «Nous sommes partis surtout à cause du logement, nous a dit l'un des cinq entraîneurs algériens qui exercent dans la sélection saoudienne. En Algérie, on ne faisait que nous promettre sans jamais respecter ces promesses». «Je suis fils de chahid, nous a dit un autre qui exerce en Arabie Saoudite depuis plus de dix ans. Au moment où j'avais introduit une demande en ce sens auprès du MJS, j'étais déjà marié. C'est vous dire que j'étais prioritaire. Un jour, un des responsables de ce ministère m'avait convoqué au sujet de ce problème. Il m'avait fixé rendez-vous à 10h00. A 17h00, il ne m'avait toujours pas reçu. Et puis un des gardes de la sécurité était venu me voir pour me menacer et pour me mettre à la porte non sans m'injurier. Depuis ce jour-là,j'ai mis une croix sur le logement et j'ai quitté l'Algérie». L'un de ces entraîneurs nous a fait remarquer qu'en 1987, à l'occasion des Championnats arabes qui s'étaient déroulés à Alger, l'Algérie avait remporté 18 médailles d'or avec la plupart des entraîneurs qui se sont expatriés. «Si vous faites un calcul de ce qui s'est passé ici au Caire, vous remarquerez que ces mêmes entraîneurs, qui exercent dans différentes sélections, ont remporté, à peu près, 16 à 18 médailles en or», nous ont-ils dit. A travers eux, c'est à la marginalisation du cadre algérien que nous touchons. Une épine qu'aucun des responsables du secteur n'a pu enlever.