L'Expression: Après une semaine agitée dans les rangs diplomatiques, comment qualifiez-vous la relation entre la France et l'Algérie? Rachid Kaci(*): Je suis désespéré par la relation entre nos deux pays; et pourtant, en tant que Franco-Algérien, c'est plutôt étonnant. Les politiques montent toujours au créneau sur la question coloniale. Il faut pourtant que la France et l'Algérie aient une relation digne et respectueuse. Il y a une crispation de ceux qui, à mon sens, cultivent cet esprit depuis 1962: c'est presque pathétique, car la population ne les suit pas. Pensez-vous qu'il faille écarter totalement cette question? Je ne dis pas qu'il faut que plus personne n'en parle, il doit y avoir une conscience des aspects négatifs de la colonisation. Mais je ne suis pas pour la repentance. Il faut laisser cela aux historiens. Ces problèmes vont se résorber avec le temps, et je crois qu'on arrivera à dépasser tout cela. Quelle espérance portez-vous pour cette rencontre? J'espère que les discours vont être apaisants, et que tous vont penser d'abord aux jeunes générations. Mais ceux qui ne souhaitent pas l'apaisement sont minoritaires. L'Algérie a besoin de la France comme la France a besoin de l'Algérie. (*) Conseiller technique à la présidence de la République française. Rachid Kaci fait partie de la délégation qui accompagne Nicolas Sarkozy lors de sa visite en Algérie.