“Les relations entre la France et l'Algérie ne se limitent pas à des relations d'Etats, mais elles privilégient aussi des relations de personnes, des relations entre des groupes et des relations entre des associations”, a déclaré le diplomate. Après avoir effectué tout récemment une visite privée en Kabylie, l'ambassadeur de France à Alger, M. Xavier Driencourt, est revenu hier à Tizi Ouzou dans le cadre d'une visite officielle dans la wilaya où il a rencontré les autorités locales, et à leur tête le wali de Tizi Ouzou, M. Hocine Mazouz, pour prendre connaissance de l'étendue des projets d'investissement initiés par les responsables locaux et envisager ainsi d'intéresser les entreprises françaises à contribuer à la réalisation de nombreux projets de développement local. Au cours de son entrevue avec le wali de Tizi Ouzou, l'ambassadeur de France a convenu de l'arrivée d'une importante mission économique française le 4 mai prochain à Tizi Ouzou. Cette délégation sera conduite par le chef de la mission économique de l'ambassade de France à Alger afin d'étudier avec les responsables de la wilaya la possibilité d'intervention des entreprises françaises pour la réalisation de l'ambitieux programme de développement et de réalisation déjà planifié par la wilaya de Tizi Ouzou. “En discutant avec le wali de Tizi Ouzou, ce dernier m'a mentionné tous les projets de développement économique de la Kabylie, et je crois qu'il y en a beaucoup ; il s'est déclaré étonné que les sociétés françaises ne soient pas plus présentes dans la wilaya”, nous a déclaré l'ambassadeur français quelques instants à peine après son entrevue avec le wali de Tizi Ouzou. “En sortant de son bureau, j'ai aussitôt appelé mes collaborateurs au niveau de l'ambassade pour organiser la venue d'une importante mission économique française le 4 mai prochain. Cette mission sera donc conduite par notre chargé de mission économique auprès de l'ambassade afin de prendre contact de manière concrète avec les services de la wilaya pour s'informer des projets d'investissement programmés dans cette wilaya et voir ainsi ce que pourraient faire les entreprises françaises dans ce contexte”, soulignera M. Driencourt. Pour expliquer quelque peu tout l'intérêt qu'il porte à ce genre de partenariat, l'ambassadeur de France dira que “les relations entre la France et l'Algérie ne se limitent pas à des relations d'Etats, mais elles privilégient aussi des relations de personnes, des relations entre des groupes et des relations entre des associations. Je pense qu'il faudrait encourager deux choses : la question des jumelages entre les villes et là je me réjouis qu'il y ait quinze villes françaises jumelées avec des villes de Kabylie, dont le dernier en date est à mettre à l'actif des deux villes de Saint-Denis et de Larbâa Nath Irathen, alors que la ville de Tizi Ouzou est jumelée depuis longtemps avec la ville de la Roche-sur-Yon, avec tout ce que cela suppose comme échanges économiques et culturels entre nos villes. L'autre axe important, à mon sens, est de miser sur l'apport important des jeunes Algériens qui ont fait du business ou des études en France et qu'il faut justement encourager à venir investir en Algérie et constituer ainsi une passerelle entre les deux pays. À ce titre, je dois vous informer que ce mercredi, je dînerai à Alger avec un groupe de jeunes chefs d'entreprise franco-algériens et la semaine prochaine, je vais à Paris pour parler devant une association de jeunes Beurs, des jeunes chefs d'entreprise française d'origine franco-algérienne pour leur dire qu'ils ont un rôle important et concret à jouer dans cette perspective de passerelles entre la France et l'Algérie. Lors de mon dernier passage à Paris, j'ai rencontré M. Yazid Sabbeg, le commissaire à la Diversité, nommé ministre par le président Sarkozy, et là aussi nous avons convenu de développer ensemble un certain nombre de projets grâce aux relations humaines qui doivent être privilégiées avant tout”, nous dira encore l'ambassadeur français qui n'omettra pas de nous faire part de ce qu'il appellera “un scoop”, lorsqu'il nous révélera encore : “Nous allons rediscuter avec la partie algérienne des questions de la circulation des personnes entre les deux pays, et je pense qu'il faut encourager tout ce qui est facilité de circulation des Algériens vers la France et bien évidemment des Français en Algérie, tout en considérant qu'on assouplisse du côté français nos conditions de délivrance des visas de circulation et des visas d'études et de stages de formation. Mon rôle est de convaincre les autorités françaises qu'il s'agit là de la bonne voie et de convaincre aussi les autorités algériennes que c'est important de discuter de tous ces sujets-là entre nous deux”. À l'occasion, le haut représentant de la République française en Algérie a développé de nombreux autres sujets liés à la coopération algéro-française où il exhorte les municipalités, les élus, les chefs d'entreprise et les associations des deux pays à multiplier les échanges et les initiatives de partenariat, car il estime que le volet de la coopération ne relève pas du seul ressort de l'Etat, surtout qu'il considère qu“il y a de plus en plus d'élus français d'origine algérienne qui ont un rôle important à jouer du fait qu'ils ont l'avantage d'être à cheval sur deux cultures et deux modes de pensée et de fonctionnement”. Enfin, l'ambassadeur français, qui a été interpellé sur la question de la restitution des archives algériennes détenues encore par la France, a tenu à déclarer qu'“il a personnellement travaillé depuis de longs mois avec le directeur général des archives algériennes, car il s'agit là d'un secteur important sur le plan politique pour les deux pays”. Mohamed HAOUCHINE