Les établissements pénitentiaires seront prochainement dotés d'unités de soins psychiatriques et psychologiques. L'expérience espagnole relative à l'amélioration des conditions de la détention et la réinsertion sociale, intéresse sérieusement les autorités algériennes. L'intérêt est d'autant plus croissant que l'Etat ibérique est pionnier en la matière, notamment en ce qui concerne le volet de la santé mentale et des soins préconisés aux toxicomanes dans le milieu carcéral. Ce chapitre a en effet été au centre d'un séminaire de deux jours qui se tient à la Résidence des magistrats à Alger. «Nous espérons bénéficier de cette expérience, d'autant plus que notre pays a entamé de vastes chantiers en ce sens, dans le cadre des réformes du secteur de la justice», a estimé Bouderbala Fayçal, responsable opérationnel du projet Meda II de la Commission européenne, relatif au soutien à la réforme de la justice en Algérie. Il faut dire que, dans l'état actuel des établissements pénitentiaires algériens, notamment en ce qui concerne l'exiguïté des cellules, il paraît très délicat de s'occuper de la santé mentale des détenus. Arrivés dans les prisons, leur état psychologique n'aura de cesse de se détériorer. D'où la nécessité absolue de les prendre en charge, que ce soit dans les services des soins psychiatriques ou psychologiques. Mais, en l'absence de ces unités de soins spécialisés, dans nos établissements pénitentiaires, quel est le recours dont disposent les responsables de ces établissements? Bouderbala Fayçal se veut précis: «Rares sont les prisonniers algériens qui pâtissent des maladies mentales graves.» Même si notre interlocuteur défend fermement sa thèse, il n'en demeure pas moins qu'il reconnaît que les détenus souffrent de certains troubles psychiatriques. «Les rares malades qui présentent des troubles profonds sont transportés dans des centres hospitaliers spécialisés» explique M.Bouderbala. Celui-ci ajoute que les 127 établissements pénitentiaires existant en Algérie, contiennent quelque 500 médecins généralistes, et pas moins de 400 psychiatres. Un nombre très limité, comparé à celui de la population carcérale qui, elle, est estimée à plus de 55.000 détenus. Et le nombre va crescendo. Dans le même ordre d'idées, selon des sources proches du ministère de la Justice, les établissements pénitentiaires seront prochainement dotés d'unités de soins psychiatriques et psychologiques. Ces unités prodigueront également des soins aux toxicomanes. Il est utile de souligner, par ailleurs, que le séminaire qui se poursuit aujourd'hui à la Résidence des magistrats, est organisé dans le cadre de la coopération entre l'Algérie et la Commission européenne dans le cadre des réformes du système de la justice. Une enveloppe budgétaire de 17 millions d'euros (15 millions par la CE, et 2 millions d'euros par l'Algérie), est dégagée à cet effet. Soulignons que ce séminaire, destiné à 40 cadres activant dans le secteur de la réforme du système pénitentiaire en Algérie, est animé par 4 experts espagnols dans le domaine de la réinsertion pénitentiaires, à savoir un magistrat, un directeur de centre de rééducation pour jeunes, un psychologue et un psychiatre.