Pourquoi alors la baisse ou la stagnation des prix ne suit pas au niveau du marché national? Les petites bourses risquent, encore une fois, d'être mises à rude épreuve. A la veille de l'Aïd El Adha, les produits de première nécessité flambent. Une virée au niveau des marchés de la capitale renseigne sur cette hausse inexpliquée: l'huile de table (bouteille de 2 litres) est passée en l'espace de quelques jours de 220, puis 250 à 330 dinars. Le bidon de 5 litres oscille entre 660 et 680DA. Interrogé, un jeune commerçant nous a appris que ce «même bidon peut atteindre les 1000 dinars avant la fin de l'année en cours». Pourtant l'huile constitue l'aliment de base des plats que les ménagères préparent au quotidien. La semoule cédée, il y a à peine quelques jours à moins de 1000DA, a dépassé la barre des 1250DA le sac de 25kg. Ce n'est pas tout, ce renchérissement touche aussi les produits laitiers. Le fromage ne peut être acquis à moins de 400DA le kilo. Il y a quelques semaines, ce produit se vendait à 300DA. Une boîte de camembert coûte 170DA. Dans cette flambée exponentielle des prix, le sucre n'est pas épargné. Cette denrée est cédée à 60DA le kilo. Trop cher quand on sait qu'un excédent de production mondiale de 11,139 millions de tonnes (Mt), a été enregistré et annoncé récemment par l'Organisation internationale du sucre (ISO) pour la campagne allant d'octobre 2007 à septembre 2008. Nonobstant le fait que l'offre est nettement supérieure à la demande, le sucre coûte toujours cher en Algérie. Si les pouvoirs publics, particulièrement le ministère du Commerce ont toujours justifié la flambée des prix en raison de leur augmentation au niveau de la Bourse mondiale pourquoi alors la baisse ou la stagnation des prix ne suit pas au niveau du marché national? Il y a donc un sérieux problème dans la maîtrise du marché national par les pouvoirs publics. Cette nouvelle hausse ne sera pas sans conséquences sur le pouvoir d'achat des Algériens, déjà trop érodé. Les ménages algériens viennent à peine de sortir d'une période de grandes dépenses entrant dans le cadre du Ramadhan et de la rentrée scolaire. Il est à craindre, cette fois-ci, que la réaction soit violente étant donné que la frustration sociale est grande. Vraisemblablement, les dernières augmentations des salaires n'ont servi à rien et le mécontentement n'a fait que se renforcer. On se rappelle de la crainte d'une explosion à la veille de la dernière rentrée sociale. Il a fallu l'intervention du chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem à la télévision pour calmer la situation. Or, il apparaît aujourd'hui que les mêmes ingrédients sont toujours présents. Comme si le gouvernement a cassé le thermomètre pour faire baisser la température. Le citoyen parviendra-t-il à «résister» à ce cumul de dépenses faramineuses? Ou continuera-t-il à vivre au compte-gouttes? Remplir son couffin, devient, au fil des jours, une lourde tâche pour ce citoyen. Des questions s'imposent: quelle est l'origine de ces hausses imprévisibles des prix? En fait, le marché algérien, aussi anarchique soit-il, ne répond pas à la sacro-sainte loi de l'offre et de la demande, ni à aucune autre option. Les prix affichés par les détaillants ne répondent aucunement aux normes de commercialisation. Devant cette anarchie qui domine nos marchés, les produits de consommation courante constitueront, désormais, un véritable luxe. En l'absence d'une stricte surveillance du marché, c'est le citoyen, pour ne pas échapper à la tradition, qui subit les conséquences néfastes de l'instabilité des prix, à laquelle les pouvoirs publics ont toujours fait la sourde oreille. Ils se contentent de se renvoyer la balle. Le chef du gouvernement a été interpellé à maintes reprises. D'ailleurs, le Forum des chefs d'entreprise l'a saisi aux fins d'exprimer non seulement «sa préoccupation quant à la hausse des prix des matières premières et des produits de large consommation», mais aussi, sa «disponibilité» à participer à toutes actions susceptibles d'endiguer cette pression des prix. Sans résultats. Face à cette situation persistante, certains économistes prévoient d'autres déséquilibres qui se profilent à l'horizon.