Le gouvernement américain arguait lundi avec force de la possibilité que l'Iran se réserve l'option de l'arme nucléaire pour affirmer le péril. Le renseignement américain a affirmé lundi que l'Iran aurait arrêté ses plans d'armes nucléaires en 2003 et a avoué ne pas connaître ses intentions actuelles, au risque de discréditer, à nouveau, le discours de George W.Bush sur la menace des armes de destruction massive. En contrepartie, le rapport présenté par les 16 agences du renseignement dit que l'Iran entend, apparemment, se réserver l'option de l'arme nucléaire, et pourrait être capable entre 2010 et 2015 de produire assez d'uranium hautement enrichi pour la bombe atomique. Le gouvernement américain arguait, lundi avec force, d'une telle possibilité pour affirmer le péril et la nécessité d'augmenter la pression internationale sur l'Iran. Mais quelques semaines après que le président Bush eut brandi le spectre d'un «holocauste nucléaire» ou d'une Troisième Guerre mondiale si l'Iran avait la bombe, l'administration était poussée à la défensive par les comparaisons défavorables avec le précédent irakien, quand elle avait invoqué, à tort, le danger des armes de destruction massive de Saddam Hussein. Et elle était contrainte d'admettre, à mots couverts, que le rapport risquait de desservir les Etats-Unis au moment où ils cherchent à obtenir de nouvelles sanctions internationales contre l'Iran. Le conseiller de M.Bush pour la sécurité nationale, Steve Hadley, a dit «espérer» que la Chine ou la Russie ne seraient pas confortées dans leurs réticences à de nouvelles mesures de rétorsion. Mais beaucoup de gens vont avoir tendance à dire: du calme, le problème est moins grave que nous pensions. Les Etats-Unis croient «que ce serait une erreur», a-t-il dit. Le régime islamique risque, lui, de se servir du rapport comme la confirmation que ses activités nucléaires sont purement civiles, comme il le dit depuis des années. D'ailleurs, réagissant hier, le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a déclaré sur la radio d'Etat, se félicitant de la teneur du rapport, indiquant: «Nous nous réjouissons quand des pays qui avaient des questions sur le dossier (nucléaire) iranien, quelles qu'aient été leurs motivations, corrigent leur point de vue». Selon M.Mottaki, «la tendance actuelle des activités nucléaires de l'Iran est pacifique selon différents rapports», dans son rapport le renseignement américain indique: «Nous jugeons avec un haut degré de confiance qu'à l'automne 2003, Téhéran a arrêté son programme d'armes nucléaires», estimant que l'Iran n'a pas actuellement d'arme nucléaire. La décision prise en 2003 suggère que l'Iran «est moins déterminé» à avoir l'arme nucléaire que ne le croyait le renseignement depuis 2005, estimant alors «avec un haut degré de confiance» que l'Iran était résolu à cela. «Nous ne savons pas si (l'Iran) a actuellement l'intention de développer des armes nucléaires», dit-il. Mais il juge probable que l'Iran, «au minimum, garde ouverte (cette) option». C'est précisément cette «option» que les Occidentaux veulent retirer à l'Iran. L'enrichissement d'uranium, que l'Iran refuse de suspendre malgré deux trains de sanctions internationales et le danger d'un troisième, doit produire le combustible pour ses futures centrales civiles, assure le régime islamique. Mais enrichi à plus de 90%, l'uranium peut servir de matériau pour la bombe. Le renseignement juge «avec un degré de confiance modéré» que l'Iran devrait être en mesure techniquement, entre 2010 et 2015, de produire suffisamment d'uranium hautement enrichi pour une arme nucléaire. Mais il note que si l'Iran a coupé court à son programme nucléaire militaire en 2003, c'est d'abord à cause de la pression internationale, à laquelle l'Iran serait donc peut-être plus sensible que le gouvernement américain ne le pensait.