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Le désert de l'amour
ON DIRAIT LE SUD DE DJAMEL MATI
Publié dans L'Expression le 05 - 12 - 2007

Le point B114 réclame une bougie allumée pour exorciser l'esprit du mal d'amour.
Il est une chanson dont les paroles font frémir les lèvres vers lesquelles remonte l'aigre-doux, ce havre de chair où se manifestent les élucubrations d'un esprit tourmenté. C'est que, si l'on a bien lu SibirKafi.com, paru en 2003, et Aigre-doux, paru en 2005, de Djamel Mati, on trouve de nouveau que «Sur terre, à perte de vue, le désert demeure pacifique», que «cette ubiquité du point B114 ne forme qu'un seul et unique univers, il apparaît subitement lénifiant malgré les aspects néantisés, statiques», que «le Sahara dédicace un paysage sans cesse erratique et beau» et que «les élucubrations d'un esprit tourmenté» continuent, à l'infini des choses de la vie, de hanter la vie, de lui prendre, de lui rendre et de lui donner, dans un échange fulgurant bien accepté, ce qui est terrible dans la vie, c'est-à-dire de faire vivre dans un même désert des hommes et des femmes qui n'ont pas les mêmes ambitions: des ambitions d'amour...
Et comme Djamel Mati clôt sa trilogie avec ce roman On dirait le Sud (*), sous-titré «Les élucubrations d'un esprit tourmenté», on peut maintenant fredonner doucement les paroles de la chanson intitulée Nino and Radiah (1975) de Nino Ferrer: «On dirait le Sud / Le temps dure longtemps / Et la vie sûrement / Plus d'un million d'années / Et toujours en été».
Dans ce dernier roman, les «loques-à-terre» du point B114, ce point de vie -cette base de vie- dans un milieu étrange, fantastique du Sahara, ont évolué dans la mesure où ils ne sont plus enfermés, captifs, victimes résignées d'une réalité qu'ils ne maîtrisent pas. Dans cette cabane isolée, point B114, perdu dans l'immensité d'un désert de l'amour paradoxal, ils ont acquis (inventé?) une sorte de résistance contre l'absurde, produit de l'incompréhension, de la solitude et de la mauvaise interprétation des images que génère la vie - que génère notre vision de la vie. Tout est vrai et tout est faux en même temps dans cet environnement virtuel et pourtant réel. Il y a, pour un auteur algérien aussi intelligent observateur que Djamel Mati, aussi fin psychologue et ingénieur du virtuel, de quoi s'offrir une belle fiction devenue dame coquette devant un miroir aux mille ironies dont la société se fait son propre écho d'existence toute de fables, d'imagination débridée, de vrai, de faux, de flou aussi. Le point B114, hors de toute conscience humaine, n'est qu'un prétexte, une idée -certes folle-, un symbole -certes irréel- et encore perdu quelque part dans un coin d'esprit, où tout est simple, où tout paraît simple. Mais les narcotiques, dont usent à l'excès les personnages pour se donner une représentation existentielle vraisemblable, sont-ils le remède, le palliatif au désert de l'amour? La société, disons-le clairement, la nôtre, face aux injonctions des ambitions politiciennes et des cauchemars des uns et des autres, est une société factice, sans aucun souvenir de son histoire, sauf pour se ressasser ses bonheurs oubliés, sauf pour découvrir que la vie n'est, au fond, qu'un odieux mensonge, soutenue par une poésie rauque imprégnée de mal-être. Les personnages de cette incroyable aventure peuplent un site d'une tragédie qui n'est pas chimère: il faut suivre, dans ce désert des sens, Zaïna bafouée par une chèvre; dans ce développement de la trilogie équilatérale, Neil, Iness, et l'image floue et égrenée que renvoie à Zaïna le miroir falsificateur; dans cette véritable mer de sable qui noie la terre entre l'Orient et l'Occident, laissant apparaître l'étrange illusion que figure ed-dâr el meskoûna, la cabane hantée, le point B114, et les protagonistes d'un amour impossible qui vont, sous l'empire d'un envoûtement cauchemardesque, la main dans la main, inexorablement vers le destin qui pourrait donner un sens à la vie, «parce que, pense Neil, nous sommes tous connectés à une formidable énergie, la substance première avec laquelle ont été construits l'espace, les étoiles, la Voie lactée, notre terre, la nature et enfin, nous, les êtres humains et les autres. Cette Force nous conduit là où elle veut, car nous sommes faibles devant elle. [...] Cette énergie s'appelle l'Amour.» Sans doute, certains reconnaitront-ils là quelques accents et sonorités, parmi les plus belles réflexions de Paul Coelho dans Le Pèlerin de Compostelle, Sur le bord de la rivière Piedra ou dans La Cinquième montagne, par exemple, mais Djamel Mati a bouclé la boucle de sa trilogie avec le beau sentiment du devoir accompli, en laissant, tout comme son personnage Neil, «à d'autres le soin de démêler les arcanes de leurs mondes et de leurs vies. Maintenant, il a envie d'exister pleinement.» Moi, lecteur sensible au rêve et à l'espoir, j'aime croire en cette séduisante chimère On dirait le Sud. Dont acte!
(*) ON DIRAIT LE SUD
de Djamel Mati
APIC-Editions, Alger, 2007, 300 pages.


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