Qui pourrait nous rapprocher le mieux des pensées réelles, sinon un livre ouvert? En ce temps de vacances, les chanceux ont le pouvoir de retrouver leur pensée propre, de s'occuper de la famille. Mais pendant les vacances, mais pendant l'été, l'ennui peut gagner et régner. Il faut s'échapper, encore ici, pour ne pas être sous l'emprise d'affaires qui emballent l'humeur, peut-être, plus que l'oisiveté et la solitude non souhaitées. Un livre, rien qu'un livre peut changer les sentiments, donner de l'esprit, donner de la culture, donner du savoir! Quels livres ouvrir? Choisissez donc un dans la liste ci-dessous, si vous n'en avez pas sous les yeux. Cependant, la grande affaire n'est pas de s'intéresser au seul livre, c'est le grand plaisir de l'avoir lu. De la traite au traité, Chems-Eddine Chitour, Casbah éditions: «Il faudrait deux mains pour applaudir à un projet d'avenir. Mais le face à face est-il pédagogique? Car la mémoire, ici et là, est encore sous le choc; ici «on ne regarde que la face sombre et abjecte de la colonisation, avec son cortège d'humiliation, de déni de dignité, de torture et de larmes. On ne peut pas reprocher au peuple algérien même dans cent ans de ne pas intérioriser et de revivre en permanence le traumatisme culturel et cultuel», là, «c'est au contraire l'amnésie de tout ce qui a pu dévaloriser la France. On ne retient que les belles choses "positives" paternalistes, "humanistes", en un mot civilisatrices, en plus du regret du bon temps de la coloniale, du paradis perdu, en un mot de la "nostalgérie", où il faisait bon vivre - on faisait suer le burnous - les esclaves devaient obéir à leur maître, car selon Bossuet, "telle est la volonté divine"...» Voilà, pourrait-on dire, résumée une opinion tenace chez tous ceux qui, de part et d'autre de la Méditerranée, le travail de mémoire est loin d'être commencé, si tant est que ceux-ci soient les véritables interprètes compétents de l'histoire, du bon sens de l'histoire et surtout qu'ils soient aptes à tracer la vraie voie de l'histoire. L'ouvrage De la traite au traité (*) de Chems-Eddine Chitour vient à bon droit en préciser certaines notions et concepts historiques pour éclairer, s'il en est encore nécessaire, la lanterne des uns et des autres. En réalité, nul n'est dupe des intentions françaises que cache cette loi ambiguë à souhait du 23 février 2005» On dirait le Sud, Djamel Mati, APIC éditions: «Le titre aurait pu être le Désert de l'amour. Mais laissons Mauriac en paix, et disons que le Point B114 réclame une bougie allumée pour exorciser l'esprit du mal d'amour. Il est une chanson dont les paroles font frémir les lèvres vers lesquelles remonte l'aigre-doux, ce havre de chair où se manifestent les élucubrations d'un esprit tourmenté. Les personnages de cette incroyable aventure peuplent un site d'une tragédie qui n'est pas chimère: il faut suivre, dans ce désert des sens, Zaïna bafouée par une chèvre; dans ce développement de la trilogie équilatérale, Neil, Iness, et l'image floue et égrenée que renvoie à Zaïna le miroir falsificateur; dans cette véritable mer de sable qui noie la terre entre l'Orient et l'Occident, laissant apparaître l'étrange illusion que figure ed-dâr el meskoûna, la cabane hantée, le point B114.» La tiers mondialisation, Smaïl Goumeziane, Edif 2000: «C'est un essai sur le nouvel ordre mondial et son impact sur les pays du tiers monde et de l'Est». L'auteur explique pourquoi et comment dans les pays riches, des peuples sont pauvres. Dans l'opinion, ce n'est plus une interrogation, c'est un constat qui réclame une explication si amère soit-elle. Justement, Goumeziane, rompu à la pédagogie, tente d'apporter des clarifications. En somme, le brillant de cette très lisible étude est en cette proposition définitive: «C'est dire l'urgence qu'il y a à accélérer le renouveau démocratique et l'expansion des libertés individuelles et collectives, partout dans le monde.»