Selon le New York Times, ces vidéos montraient l'utilisation de «techniques d'interrogatoire sévères». Le bagne de Guantanamo n'a pas encore livré tous ses secrets et le feuilleton des scandales continue pour les services de renseignements américains. Le dernier de ces scandales rapporte que pour protéger ses agents qui ont fait subir des interrogatoires musclées aux éléments d'Al Qaîda, la CIA n'a pas trouvé mieux que de détruire les archives. Des responsables de la Maison-Blanche et du ministère de la Justice s'étaient opposés, en 2003, à la destruction d'enregistrements vidéos d'interrogatoires de membres d'Al Qaîda par la CIA, rapporte le quotidien américain New York Times dans son édition d'hier, citant des responsables du gouvernement. Le directeur de l'Agence de renseignement américaine, Michael Hayden, a reconnu, jeudi, que ses services avaient détruit, en 2005, plusieurs enregistrements d'interrogatoires sensibles, afin notamment, de protéger les agents qui y ont participé contre d'éventuelles représailles d'Al Qaîda. Les élus démocrates et les associations de défense des droits de l'homme ont vivement dénoncé cette décision et réclamé une enquête approfondie sur cette possible obstruction à la justice. Amnesty International a, notamment rappelé que selon de nombreux témoignages, les prisonniers de la CIA ont été soumis à des techniques d'interrogatoire qui s'apparentent à de la torture. Selon le New York Times, citant d'actuels et anciens responsables des services de renseignement, ces vidéos montraient l'utilisation de «techniques d'interrogatoire sévères» à l'encontre de deux membres d'Al Qaîda -dont Abou Zoubayda, membre influent du réseau d'Oussama Ben Laden- qui faisaient partie des premiers suspects de terrorisme interrogés par la CIA dans des prisons secrètes après le 11 septembre. Le quotidien affirme qu'en 2003, la CIA avait décidé de conserver ces enregistrements après des avertissements en provenance de la Maison-Blanche et de parlementaires sur de possibles problèmes légaux provoqués par leur destruction. Mais cette décision a été modifiée en 2005, affirme le journal, qui précise qu'il n'est pas clair si la Maison-Blanche ou le ministère de la Justice ont été informés au moment de la destruction des vidéos ou si quiconque a été informé à l'avance de la décision de les détruire. Ce n'est pas la première fois que des agents de l'armée ou des services de renseignement américains se soient impliqués dans de pareilles mésaventures. On se rappelle du scandale d'Abou Ghareib qui a éclaboussé le peu de crédibilité qui restait de l'administration Bush. Des traitements inhumains infligés aux Irakiens ont été filmés dans cette sinistre prison.