Ce qui a été révélé sur le scandale de la prison irakienne d'Abou Ghraïb constitue des actes quotidiens ordinaires pour les soldats américains, à en croire un nouveau rapport sur la question des sévices. Les nouvelles règles d'interrogatoires, autorisées par le Pentagone pour obtenir des informations des prisonniers étrangers soupçonnés de terrorisme, sont à l'origine de la torture pratiquée dans les prisons sous contrôle de l'armée américaine. L'information a été confirmée par un rapport élaboré par une commission d'enquête militaire de haut niveau sur les sévices auxquels avaient recours les militaires des Etats-Unis pour faire parler les détenus. Selon le responsable d'édition du New York Times d'hier, le document en question, dont le contenu ne sera pas rendu public avant plusieurs semaines, divulgue les pratiques journalières sur les prisonniers, suspectés de lien avec le terrorisme, parfois rien que pour le plaisir de les humilier. À titre d'exemple, il est rapporté que pour toucher à la dignité des détenus de sexe masculin, en majorité de confession musulmane, des femmes soldats s'acharnaient surtout sur leurs organes génitaux. Dans le même ordre d'idée, des prisonniers sont dénudés et gardés attachés pendant de longues heures dans le but de les affaiblir notamment sur le plan moral. Les témoignages d'agents du Fédéral Bureau of Investigations (FBI) constituent la base du rapport qui met à nu, encore une fois, les intolérables et inhumaines pratiques dans les prisons de l'armée des Etats-Unis, champions de la défense de la démocratie et des droits de l'homme à travers le monde. Ces nouvelles révélations, qui désignent les dernières directives du Pentagone, en matière d'interrogatoire des détenus comme cause principale du recours à ces sévices, détruisent la thèse d'actes individuels et isolés. Bien au contraire, elles ne laissent aucun doute sur le fait qu'il s'agit de l'application d'instructions venant de la haute hiérarchie, dans la perspective d'arracher le maximum de renseignements aux prisonniers. Les procès des soldats incriminés dans les sévices de la prison d'Abou Ghraïb, qui avancent à pas de tortue avec à la clé des peines minimales, montrent la détermination de la justice militaire américaine à faire oublier ce sandale. K. A.