L'Otan s'est dit ouverte à la participation des pays du DM qui le souhaitent dans les opérations de maintien de la paix qu'elle mène en Afghanistan, en Irak... La traditionnelle réunion semestrielle des ministres des Affaires étrangères de l'Otan qui s'est tenue vendredi à Bruxelles, au siège de l'Organisation, a revêtu un caractère particulier. D'abord parce qu'elle a associé, en marge de celle des 26 membres de l'Otan, les sept pays du Dialogue méditerranéen (DM), ensuite en raison de l'extrême tension qui règne au Kosovo. D'autant plus que la réunion du Conseil Otan-Russie (COR), qui a suivi celle de l'Otan, n'a pas laissé apparaître dans le communiqué final un rapprochement des points de vue des deux partenaires sur bien de questions géostratégiques. Ainsi, pour la deuxième fois (la première rencontre à ce niveau a eu lieu en 2004), les sept pays du DM que sont l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, l'Egypte, la Jordanie et Israël, ont passé en revue l'état de leur coopération avec l'Organisation atlantique et ont échangé leurs points de vue sur l'évolution des tensions dans les zones à risques (Moyen-Orient, Irak, Afghanistan...). La récente rencontre d'Annapolis sur la question de la création d'un Etat palestinien et de la paix israélo-arabe d'une manière générale, a été l'un des principaux points de débat entre les membres de l'Otan et les pays du DM. Les ministres ont été unanimes pour encourager et soutenir un dialogue permanent et direct entre Palestiniens et Israéliens afin de donner une chance à une paix durable qui permettra de mettre en place un Etat palestinien. Par ailleurs, l'Otan s'est dit ouverte à la participation des pays du DM qui le souhaitent dans les opérations de maintien de la paix qu'elle mène en Afghanistan, en Irak, en Bosnie ou au Kosovo. Rappelons ici, que le Maroc, la Jordanie et l'Egypte se sont déjà impliqués dans de telles opérations de l'Organi-sation atlantique. L'autre proposition qui a été mise sur la table a trait à la création d'un groupe consultatif de la politique atlantique (Apag) qui permettra des échanges de vue libres et informels sur toutes les questions d'ordre international. Les conférenciers se sont dit satisfaits de leur coopération dans la lutte antiterroriste, notamment dans le cadre de l'opération «Active Endeavour» de sécurisation du trafic maritime en Méditerranée, à laquelle l'Algérie est partie prenante. Enfin, l'Otan et les pays du DM ont appelé à une poussée plus loin du Programme de coopération individuel (ICP) qui laisse la liberté des pays du DM qui le souhaitent à développer des plans de coopération stratégiques sur le long terme. Par ailleurs, la réunion du Conseil Otan-Russie (COR) qui a suivi celle avec les pays du DM a retenu l'attention des très nombreux journalistes qui ont couvert l'événement. Tout en restant dans les usages de la courtoisie diplomatique, le communiqué final de cette rencontre indique que les deux parties sont restées, sur nombre de points qui les opposent, fermes sur leurs positions de principe. «Malgré de sérieux désaccords sur le traité FCE, sur le statut final du Kosovo et sur certaines questions liées à la défense antimissile, ils ont reconnu que leur récent dialogue politique avait été particulièrement intense», déclare le communiqué. Comprendre par cela que la Russie maintient son retrait, opéré officiellement fin novembre, du traité sur la limitation des forces conventionnelles européennes (FCE). Retrait, rappelons-le, effectué en réponse à la décision des USA d'installer leur bouclier antimissile en Tchéquie et en Pologne, en accord avec les pays de l'Union européenne. Ces derniers se sont déclarés prêts, autant que les USA, à reconnaître la proclamation unilatérale de l'indépendance du Kosovo, poussant ainsi la Russie à plus de radicalisme dans son soutien à la Serbie. La situation est, malgré l'apparence diplomatique, sérieuse, tant il est vrai que les leaders albanophones du Kosovo, vainqueurs des dernières élections, sont décidés à proclamer leur indépendance à compter du 10 décembre (demain) prochain. Cette tension a été perceptible dans les termes de la réunion des 26 mem-bres de l'Otan qui a précédé celle avec la Russie. «Au Kosovo, la solide présence de la Kfor, dirigée par l'Otan sous mandat de l'ONU, a été essentielle pour maintenir la sécurité et appuyer le processus politique...La Kfor restera au Kosovo en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU...L'Otan répondra de manière résolue à toute tentative d'atteinte à la sûreté et à la sécurité des habitants du Kosovo, sans distinction», est-il affirmé dans le point 8 du communiqué final. Avec cette crispation des positions des pays occidentaux sur la question du statut final du Kosovo, les chances de son règlement par la voie des négociations semblent s'éloigner. Dès lors, est-on en droit de s'interroger sur l'utilité du groupe de contact pour les négociations menées par la troïka UE-Russie-USA pour le statut final de la province serbe. Certains analystes politiques comptent sur le fléchissement de la Russie, suite à la victoire du parti politique «Notre Russie» de Vladimir Poutine aux dernières élections, faisant allusion à l'utilisation de cette crise par Poutine à des fins électoralistes. Cela semble tiré par les cheveux, tant les désaccords (de fond) sont nombreux entre la Russie et le monde occidental. La vérité est que la Russie comme l'Otan se sont regardées dans les yeux ce vendredi, comme entre deux compétiteurs avant tout match décisif.