Elle sera l'expression « pratique » du Dialogue méditerranéen (DM) engagé par l'Alliance en 1995. DM rejoint tardivement par Alger. L'Algérie a, en juin 2003, dans une notification, accepté de participer à cette mission vue comme une opération de « renforcement » de la lutte contre le terrorisme. La situation interne de l'Algérie, au milieu des années 1990, ne permettait pas d'adhérer au Dialogue méditerranéen (DM). La décision d'en faire partie a été prise en 2000 après une invitation officielle du Britannique lord Robertson, ancien secrétaire général de l'OTAN, après la décision du Conseil de l'Atlantique Nord, la structure politique de l'Alliance. « L'adhésion de l'Algérie à ce dialogue est une option stratégique qui découle de sa conviction que seules la concertation et la coopération peuvent favoriser le rapprochement entre les Etats pour garantir la paix, la stabilité et la sécurité dans la région », a déclaré le président Bouteflika lors de sa visite au quartier général (QG) de l'OTAN en décembre 2001. M. Bouteflika a indiqué que l'Algérie était décidée à apporter sa contribution à « la définition et à l'établissement de meilleurs rapports de coopération et de partenariat dans l'espace euroméditerranéen ». Lord Robertson, qui, depuis, a cédé sa place à Jaap de Hoop Scheffer, a souhaité que la première visite du chef d'Etat algérien ne soit pas la dernière. Mis à part M. Abdelaziz Bouteflika, seul le roi Abdallah de Jordanie, pays partenaire du DM, a visité le QG de l'OTAN. En novembre 2004, Jaap de Hoop Scheffer s'est déplacé en Algérie. Et c'était aussi la première fois que le secrétaire général de l'OTAN se rend dans un pays du sud de la Méditerranée. Il a, dans un discours-programme, expliqué la démarche de l'Alliance vis-à-vis de l'Algérie et ses voisins du bassin méditerranéen. « Des idées nouvelles sont en train de naître. Des politiques nouvelles sont en train de s'élaborer. Car nous avons compris que, dans un monde qui ne cesse de se globaliser, la coopération est la seule solution qui permette d'avancer », a-t-il déclaré. Jaap de Hoop Scheffer a bien expliqué que le DM avait, au départ, des ambitions modestes. « Nous voulions créer un forum où pourraient s'instaurer la confiance et la transparence. Nous voulions dissiper ce que nous considérions, de la part de nos partenaires du DM, comme des idées fausses sur l'OTAN et ses orientations », a-t-il dit. Les stratèges de l'OTAN, face à l'incompréhension créée par les fidèles zélés de la théorie du prétendu « choc des civilisations », ont voulu surtout éviter que les pays du Sud se sentent menacés après l'éclatement de l'empire soviétique. « Nos relations sont fondées sur le respect, la confiance mutuelle et la définition en commun d'activités conjointes. Rien n'est imposé, tout peut être discuté », a expliqué le secrétaire général de l'OTAN. C'est une idée fort partagée au QG de l'Alliance. Pas question d'imposer quoi que ce soit, comme nous l'a affirmé Justin Higgins, jeune expert à la mission américaine à l'OTAN. Le partenariat est vu comme « une confiance mutuelle ». « Nous n'avons aucune ambition d'être la boussole du monde ni d'être le gendarme du monde. On est toujours prêts à aider, mais à la demande des pays. Sans demande de ses partenaires, l'OTAN ne va rien faire », explique James Appathurai, porte-parole de l'OTAN, lors d'une rencontre dans les studios d'enregistrement vidéo. Selon lui, l'OTAN a des expertises qui ont profité aux partenaires de l'est de l'Europe. « Nous les avons aidés pour tout ce qui est réforme militaire, tout ce qui est ‘‘interopérabilité'', contrôle des frontières, coopération contre le terrorisme », indique-t-il. S'ouvrir à grande échelle « Nous ne voulons pas donner l'impression de celui qui donne des idées », concède Minuto Rizzo, secrétaire général adjoint de l'OTAN. Cet ancien diplomate italien, spécialiste des questions européennes, qui a eu à diriger l'Institut des études internationales de Milan, a visité les pays engagés dans le DM et en garde de bons souvenirs. Depuis 2000, l'Algérie a participé à plusieurs consultations multilatérales et bilatérales. Des consultations ouvertes aux 26 membres de l'OTAN et aux 7 pays engagés dans le DM (Egypte, Maroc, Tunisie, Israël, Jordanie, Algérie et Mauritanie). En 2003, Alger a envoyé de jeunes diplomates « découvrir » le QG de l'OTAN. Des officiers et des scientifiques de l'ANP (Armée nationale populaire) ont pris part à des ateliers et des conférences à Bruxelles. Le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, a participé, en novembre 2004, au siège de l'Alliance, aux travaux de la première réunion du comité militaire de l'OTAN en session de chefs d'état-major de la défense avec les pays du DM. Cette réunion a été la première du genre. Au-delà de l'option stratégique évoquée par le président Bouteflika, quelle est l'ambition de l'Algérie dans son engagement avec l'OTAN ? « L'Algérie tirait un enseignement des années de lutte contre le terrorisme qui l'avait plongée dans l'isolement. De leur côté, les pays membres de l'Alliance, pour avoir sous-estimé la menace qui finit par les atteindre un 11 septembre 2001, prirent brutalement conscience de l'impératif de la coopération internationale », a relevé, dans une tribune publiée dans la presse, Halim Benattallah, ambassadeur d'Algérie en Belgique. Les officiels algériens ont cette réputation de ne pas trop s'expliquer sur les actions que le pays entend développer avec l'Alliance tant sur les plans militaire que politique. Comme si la question ne concernait que les experts et des initiés de cercles clos. Au QG de l'OTAN, où un immense effort d'information et de communication est entrepris, on estime que pour supprimer « les idées reçues », il est impératif que l'ouverture sur les médias et la société civile se fasse à grande échelle. « L'entreprise de transformation de l'OTAN doit être bien comprise », souligne un conseiller du secrétaire général de l'OTAN. L'essentiel est que les alliés, en étroite collaboration avec leurs partenaires, sachent faire face aux défis et aux « nouvelles menaces ». Mais l'Alliance choisit bien ses partenaires. Un simple coup d'œil sur la carte géographique renseigne que le DM n'est pas ouvert à tous les pays. Sont exclues la Libye, la Syrie et l'Autorité palestinienne. Question posée à des responsables de l'Alliance : pourquoi ? D'abord, on nous dit que sur ce point, un consensus doit se dégager au sein de l'OTAN. « Le principe du DM est de fonctionner de manière graduelle », précise un expert, qui ajoute que la question se pose en termes d'opportunité politique. « On doit regarder chacun de ces pays avec leurs spécificités. Est-ce que le dialogue peut continuer sans eux ? Je crois que oui. Parce que le dialogue a déjà commencé. Peut-on les accueillir dans ce dialogue ? Cela sera certainement pas impossible », souligne le porte-parole de l'OTAN. Un autre responsable rappelle que les Etats-Unis, membre influent de l'Alliance, classent la Libye et la Syrie parmi les Etats « qui soutiennent le terrorisme ». Et que cela est « suffisant » pour reporter la décision d'impliquer ces deux pays au DM. Soutien à la paix « Il y a quelques semaines, le secrétaire général de l'OTAN a pris attache avec l'Autorité palestinienne, lors de sa visite en Espagne pour la commémoration des attentats du 11 Mars de Madrid. Il a rencontré MM. Dakhlan et Erkat. Et le contact continue. Il faut commencer par se connaître. Cela va continuer », observe James Appathurai. Un expert de la mission américaine à l'OTAN remarque que l'Autorité palestinienne peut être un candidat viable pour le DM. L'Alliance prendra-t-elle part à des opérations de maintien de la paix au Moyen-Orient en cas d'accord entre les différentes parties ? « C'est dans l'air », répond Minuto Rizzo. « C'est une question qui est soulevée assez souvent. S'il y a un soutien militaire de l'extérieur à la paix, dans la région, on aurait besoin des Américains et des Européens. Le secrétaire général a toujours dit que s'il y a un accord et que les parties viennent demander notre présence, l'OTAN est prête à répondre en engageant une profonde discussion. Si notre présence est nécessaire, on sera prêts à y aller », répond le porte-parole de l'Alliance. Lors de son passage, début avril 2005, au QG de Bruxelles, le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis, Robert Zoellick, dans ses entretiens avec le Conseil de l'Atlantique Nord, principale structure de décision de l'Alliance, a évoqué la question du « soutien » de l'OTAN aux éventuels efforts de paix. « Tout le monde soutient la paix. Et tout le monde a besoin de cela. Malheureusement, on n'est pas encore là. Politiquement, personne ne peut garantir cette paix. Le soutien de l'OTAN ne peut être que technique », précise James Appathurai. Officiellement, l'Alliance appuie les progrès en vue d'« une solution juste, durable et complète du conflit israélo-palestinien ». « Le DM complète d'autres initiatives internationales orientées vers les régions telles que le processus de Barcelone de l'Union européenne (UE) et l'initiative méditerranéenne de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) », analyse, dans la revue de l'OTAN, Nicolas de Santis, coordinateur pour le DM à la division diplomatique publique de l'Alliance. C'est que l'OTAN a, dans une perspective d'élargissement, lancé l'Initiative de coopération d'Istanbul (ICI) ouverte aux pays du Golfe. Il s'agit, dans un premier temps, de l'Arabie Saoudite, du Qatar, de Bahreïn, du Koweït, d'Oman et des Emirats arabes unis. L'ICI est ouverte aux autres pays du Moyen-Orient. Les conditions ? « Contribuer à la lutte contre le terrorisme et contre la prolifération des armes de destruction massive ». Sur un autre chapitre, une participation des pays du DM et de l'ICI à d'éventuelles actions de maintien de la paix en Afghanistan ou même en Irak est souhaitée par les responsables de l'OTAN. L'expérience marocaine est citée en exemple. Un contingent marocain soutient, depuis plusieurs mois, les forces de en Bosnie-Herzégovine et celles de la KFOR au Kosovo. L'Egypte et la Jordanie avaient, au début, aidé les forces de l'OTAN en Bosnie-Herzégovine.