Le programme adopté des activités du DM (Otan, Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Egypte, Jordanie et Israël) de 2008 prévoit 85% d'actions militaires. Les ministres des Affaires étrangères des pays du Dialogue méditerranéen (DM) se sont réunis, hier, à Bruxelles, au siège de l'Otan. Dans la forme, les 26+7 ont discuté de certaines questions inscrites dans le registre de la coopération, à l'instar de la situation au Proche-Orient, mais, dans la forme, l'Union européenne veut faire, de façon égoïste, du Maghreb un premier mur devant la protéger contre le fléau terroriste et autres liés à l'émigration clandestine et le trafic de drogue. D'ailleurs, cette structure de coopération Nord-Sud, qui comprend l'Otan, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Mauritanie, l'Egypte, la Jordanie et Israël, traduit parfaitement le slogan fétiche des Européens selon lequel «la sécurité en Europe est étroitement liée à la sécurité et la stabilité en Méditerranée». La réunion d'hier étant la seconde au niveau des ministres des affaires étrangères après la rencontre de Bruxelles, en décembre 2004, en alternance avec les réunions des ministres de la Défense des 26+7, tenues à Taormine et Séville, en février 2006 et 2007. Un vice de forme se pose, d'abord l'Otan traite de la situation au Proche-Orient sans qu'elle ne soit engagée dans cette région. L'on s'interroge dès lors, si cette réunion ne constitue pas, en fin de compte, un «appendice» de la Conférence d'Annapolis? En second lieu, bien que les tractations de coulisses sont à un stade très avancé, l'Otan veut aller jusqu'à impliquer d'autres pays dans ses opérations en Afghanistan. Pour mémoire, trois pays du Dialogue méditerranéen, à savoir l'Egypte, la Jordanie et le Maroc, avaient déjà coopéré militairement avec l'Alliance dans le cadre des opérations dirigées par l'Otan en Bosnie-Herzégovine (Ifor/Sfor) et au Kosovo (Kfor). Cette question devait être débattue officiellement hier. L'Otan tend à créer également un groupe consultatif de la politique atlantique (Apag) en session du Dialogue méditerranéen (DM/Apag). Cette structure-filiale permettra, selon l'Otan, «des échanges de vue libres et informels». Une première réunion pourrait intervenir au début de l'année prochaine si les ministres des Affaires étrangères des pays du DM arrivent à un compromis de principe. Cela donne, d'ores et déjà, un avant-goût purement militaire du plan d'action inscrit pour l'exercice 2008, alors que les pays de la rive sud de la Méditerranée posent la question de l'équilibre entre la dimension militaire et celle politique des opérations. Les Européens, quant à eux, à l'instar des Espagnols, souhaitent renforcer la dimension militaire au sein du Dialogue méditerranéen. Cette dimension comprend aussi bien la participation aux missions de l'Otan dans certaines régions en conflit, que des exercices communs. Le programme adopté des activités du DM de 2008 prévoit 85% d'actions militaires et des activités concernant les plans civils d'urgence, la gestion des crises, la logistique, la formation linguistique, etc. Cette vision qui favorise la dimension militaire s'inscrit dans une volonté de certains pays d'élargir le Dialogue méditerranéen à d'autres cadres de coopération et/ou de partenariat, tels que l'initiative de coopération d'Istan-bul avec les pays du Golfe. Cette tendance, a été notamment perçue au sommet de l'Otan de Riga, qui a endossé la décision de créer à terme un «centre de coopération pour la sécurité dans la région», en référence à l'instabilité qui règne encore en Irak. Il y a déjà, bon gré, mal gré, une incompréhension autour des futures missions du DM, autrement dit un semblant de désaccord sur la dimension à entreprendre. Et, ensuite, un problème de fonctionnement, car le Dialogue méditerranéen favorise jusqu'ici l'option de la coopération bilatérale (Otan+1), même s'il prévoit l'organisation de réunions multilatérales (en configuration Otan+7). Des pays, dont l'Algérie, ont choisi une option équilibrée dans sa coopération avec l'entité 26+7, un choix libre de l'étendue et le degré de la participation qu'on a tendance à qualifier d'autodifférenciation. L'Algérie, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, participe surtout à l'opération «Active Endeavour» de surveillance et d'escorte en Méditerranée. Par ailleurs, le DM a inauguré depuis le début de cette année la question de la modernisation des forces armées des pays partenaires, processus qui se déroulera sur le long terme, pour lequel les pays intéressés du DM doivent définir leurs priorités. La participation de la Russie, marchand d'armes et fournisseur de l'Algérie, à cette opération sera également à l'ordre du jour du conseil de l'Otan-Russie qui devait se tenir hier également.