Terrorisme, immigration clandestine...La jeunesse algérienne est en proie à des phénomènes qui transforment ses rêves en cauchemars. En drames. L'Etat algérien, les pouvoirs publics ont-ils échoué dans leur mission? Offrir les moyens nécessaires d'insertion à la jeunesse algérienne. Leur assurer tout simplement la place qui leur revient au sein de la société. Du travail, des loisirs appropriés et un logement décent. Des perspectives d'avenir tout simplement. Des décisions ont été prises. Des instructions ont été données. Le président de la République a instruit l'équipe gouvernementale et les responsables des administrations locales dans ce sens. Mettre fin à ces fléaux qui ravagent la frange la plus fragilisée de la société. La jeunesse. La dernière réunion gouvernementale en est la parfaite illustration. Les jeunes ont occupé une très large partie des discours du chef de l'Etat. Qu'en est-il de ses recommandations? Où en est le projet des 100 locaux par commune? Qui en bénéficiera? Des mesures d'incitation à la création d'entreprises ont été annoncées. La commune de Bourouba ex-La Montagne est la plus pauvre d'Algérie. Il existait une activité économique, une usine de fabrication de papier. Elle est fermée depuis plusieurs années. Peut-on vivre à Oued Ouchaïeh, Baraki, Les Eucalyptus, La Montagne et ne pas sombrer dans la violence? Les terroristes qui se recrutent proviennent dans leur majorité des banlieues défavorisées, de ces favelas algériennes. Elles constituent un terreau pour la violence. Prise dans l'acceptation la plus large du terme. La violence en Algérie est partout. Dans la rue, les transports, les lieux publics, les stades et à l'école. Des lieux de socialisation où elle se cristallise. Frustration et misère sociale la secrètent. Une bombe à retardement. La déflagration se produit de temps à autre. Un peu comme pour réguler une société en état de démembrement. La désarticulation est en marche. Les structures chargées de l'insertion des jeunes, de leur formation, sont gangrenées. L'école en est le parfait exemple. Elle «vomit» des milliers d'adolescents tous les ans. Rupture des liens familiaux, rupture avec les pouvoirs publics. Plus de repères, plus de limites. L'Etat «Dawla» est pris pour cible. Il symbolise leur échec. Il est responsable de leur marginalisation. Eux, ce sont les pestiférés, ceux qui vivent à la périphérie. Leur train de vie contraste avec celui des quartiers chics. Les oubliés des fabuleux projets annoncés en grande pompe. 1 million de logements et 1 million d'emplois à créer. Une chimère pour eux. Ils n'y pensent même pas. A Oued Ouchaïeh, La Montagne, El-Hamri ou Baraki, on se débrouille comme on peut. On vit de petits boulots quand ce n'est pas de petits larcins. On n'y vit pas. On y crève à petit feu. Le paradis artificiel? Ce n'est pas pour eux. On le vit à Hydra, le Golf, El Mouradia...Dans les quartiers huppés de la capitale. Dans les années 80 les marginaux s'appelaient les «hittistes». Ils se sont heurtés à la «Chichi», la jeunesse dorée des beaux quartiers d'Alger. Aujourd'hui, les jeunes, les moins structurés d'entre eux, sont tentés par les prêches religieux. Direction les maquis. L'éternité au paradis leur est promise. A défaut, ils risquent leur vie dans des embarcations de fortune pour un autre paradis. Dans les deux cas, c'est la mort qui leur tend les bras.