A coups de pierres, les jeunes ont saccagé toutes les vitres de l'institution sanitaire. La daïra de Aïn Fekroun, relevant de la wilaya d'Oum El-Bouaghi, a été le théâtre d'émeutes, après le match ayant opposé l'équipe locale à celle de Saïda. A la fin du match, les supporters ont organisé une grande fête au centre-ville qui a vite tourné à l'émeute. A partir de 19 h, scindés en plusieurs groupes dont les uns se sont occupés à ériger des barricades au niveau des entrées principales de la ville, les autres se sont dirigés vers l'hôpital. A coups de pierres, les jeunes ont brisé toutes les vitres de l'institution sanitaire, puis ont pénétré au service des urgences où ils ont éventré tous les matelas et saccagé tout le matériel médical emportant toutes les chaises se trouvant dans l'établissement. Les émeutiers s'en sont pris au tribunal de la ville. A l'intérieur de cette institution, les jeunes, en colère, ont emporté tous les documents et y ont mis le feu. Hier matin, la ville de Aïn Fekroun était une ville morte. Seuls les travailleurs de la voirie, qui se s'affairaient à dégager les entrées de la ville et à ramasser les pierres et les troncs d'arbre érigés par les manifestants. Dès 8 h, des groupes de jeunes se sont à nouveau rassemblés au centre-ville. Cette fois-ci, ils se sont dirigés vers le siège de Sonelgaz où ils ont saccagé des micro-ordinateurs et cassé le mobilier des bureaux. Les émeutiers se sont ensuite dirigés vers l'APC où ils ont mis le feu. Le bureau du maire a été totalement dévasté. Seul le service de l'état civil a été épargné. Il est à signaler que le siège des impôts a reçu la «visite» des émeutiers. Tous les documents ont été incendiés, même le mobilier n'a pas échappé à la colère des jeunes. Certaines sources font état de l'incendie d'un véhicule appartenant à la brigade de gendarmerie, ainsi qu'un BTR. Cette information n'est pas encore confirmée. A midi, un calme précaire est revenu dans la ville. Au moment de la prière, Aïn Fekroun était quasiment vide. Seuls les éléments des brigades d'intervention ceinturaient les édifices publics non touchées par les manifestants. Un vaste dispositif de police a été déployé au centre-ville. Au niveau des mosquées et au moment de la prière du vendredi, un appel au calme a été lancé par les imams. Ces derniers ont demandé aux parents de raisonner leurs enfants. Après la prière, les manifestations ont repris de plus belle. Cette fois-ci, les jeunes se sont attaqués aux CNS à coups de pierres. Ces derniers ont riposté en lançant plusieurs bombes lacrymogènes. Les hostilités se sont poursuivies jusqu'à 17 h. A l'heure où nous mettons sous presse, le ciel de la ville est couvert des fumées des bombes lacrymogènes. Il est à noter, en outre, que cette ville a connu, au cours du mois d'août dernier, de graves émeutes. Les pertes causées ont été évaluées à 3 milliards de centimes. Lors des affrontements, on a dénombré trois jeunes blessés.