Sans un sursaut et des mesures aussi extrêmes qu'efficaces, il est à craindre de graves moments pour le pays. Mais comment, diable, s'est-on arrangé pour en être arrivé là? Pour avoir sur les bras une inflation des produits de première nécessité qui persiste malgré les subventions? Pour n'avoir pas su comprendre que le terrorisme en Algérie n'avait rien de conjoncturel et donc qu'il n'allait pas lâcher prise facilement? Et aujourd'hui, si on ne comprend pas qu'entre ces deux phénomènes, la conjonction n'est pas fortuite, alors le «feu» gagnera toute la «maison» Algérie et le pire est à craindre. S'agissant de l'inflation, il fallait être aveugle pour n'avoir pas vu la mise en place du cérémonial de la danse du scalp autour des prix des produits de première nécessité qui avait commencé au printemps dernier. Tout le monde se rappelle comment a commencé le problème du lait. Un producteur privé étranger, qui avait commencé par un «gentil» partenariat avec une marque algérienne a fini par prendre le contrôle de toute l'entreprise en rachetant les parts de ses associés. Au printemps dernier, ce producteur a réuni d'autres petits producteurs de lait pour leur faire une proposition. Schématiquement, la proposition consistait à leur livrer de la poudre de lait avec de grandes facilités financières en contrepartie de quoi, les petits producteurs en question devaient livrer exclusivement leur production au fameux producteur étranger. Une démarche classique qui devait aboutir à un monopole de fait sur la distribution du lait en Algérie. La démarche fut avortée. C'était au début de l'été dernier. Au coeur de l'été, les signes avant-coureurs d'une nouvelle étape étaient visibles pour ceux qui voulaient bien voir. L'Expression, votre quotidien, n'a pas cessé à longueur de colonnes durant cette période de tirer la sonnette d'alarme en suivant tous les jours les grandes manoeuvres qui avaient lieu. Il y a eu d'abord, les retombées sur le marché financier international des fameux «sub-primes» qui agitaient le marché de l'immobilier américain. Presque au même moment, sur le marché international, le lait et les céréales donnaient des signes d'envolée dont on imputait la cause aux biocarburants et à la consommation asiatique et, en particulier, chinoise. En Algérie, des voix prévoyaient une rentrée sociale assez chaude. Le chef du gouvernement les trouvait exagérées et alarmistes. Il avait assuré aux Algériens que toutes les dispositions avaient été prises et que la rentrée se passerait sans problèmes. En effet, Belkhadem misait sur les subventions pour régler les problèmes. Sauf que les subventions injectées sans un circuit bien protégé pour en faire bénéficier les consommateurs ne pouvaient ni enrayer l'inflation ni concourir à la paix sociale. Au fil des étapes, les subventions se sont transformées en rente au profit de structures parasitaires. C'est ce qui explique la persistance de la crise du lait, de celle de la pomme de terre, de celle du blé tendre latente, et du blé dur qui est à venir. Sans compter la crise de l'huile qui pointe son nez. Toutes ces crises ont un point commun: le manque d'expertise des structures du gouvernement. Ce n'est pas l'argent qui manque mais tout est dans la gestion de son utilisation. Bien sûr que l'effet cumulé de toutes ces crises rend le problème encore plus difficile à résoudre pour le gouvernement. C'est pourquoi, tout le monde veut s'engouffrer dans la brèche. Sans un sursaut et des mesures aussi extrêmes qu'efficaces, il est à craindre de graves moments pour le pays. Car ce n'est pas, non plus, un hasard que ce regain de la violence terroriste qui intervient, dans ces moments de crises multiformes, comme un coup de bélier pour parachever une destruction programmée de l'Algérie. Une violence qui n'est pas près de s'arrêter. Elle porte tous les signes d'une «solution finale». Devant un tel danger, ce n'est pas faire preuve de faiblesse que de remanier le gouvernement. De faire appel à de vraies compétences qui auront pour feuille de route deux axes majeurs: faire face à l'urgence inflationniste par des structures et mécanismes appropriés et procéder parallèlement à la mise en place de plans de développement sectoriels à moyen et long termes. Sinon, il ne nous restera plus qu'à prier et attendre que la foudre s'abatte sur nous.