Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a estimé hier que les « règles de bonne conduite » suivies par l'institution qu'il dirige ont permis à l'Algérie de « gérer les effets » de la crise financière internationale. Dans ses réponses aux préoccupations des députés quant aux retombées de la crise financière sur le pays, le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est longuement attardé sur les causes et effets de la crise dans le monde, avant de citer les mesures prises par les autorités monétaires du pays afin de prévenir toute contagion d'une crise qui ne cesse de se développer. A cet effet, M. Laksaci a indiqué que parmi les dispositions prises par la Banque d'Algérie figurent la réduction des dépôts dans des banques commerciales afin, dit-il, « de réduire le risque de la contrepartie et celui des liquidités ». Selon ses dires, « l'essentiel des placements sont faits dans des banques centrales de certains pays développés », et ce, explique-t-il, afin « d'assurer ces dépôts puisque les banques centrales ne connaissent pas le problème des liquidités ». Pour lui, l'attitude jugée « trop conservatrice » de la Banque d'Algérie a été salutaire en ces moments de crise planétaire. De plus, la hausse du niveau des cours du pétrole et la mise en œuvre d'un plan de développement tous azimuts, conjugué aux réformes bancaires et financières ont permis à l'Algérie « de résister aux chocs externes ». Mais sans toutefois nier la crise actuelle, à travers notamment une inflation importée et les retombées néfastes sur l'économie nationale de la hausse des prix des matières premières et services, M. Laksaci a indiqué que même un rapport de la Banque mondiale reconnaît que les pays du Maghreb n'ont pas connu une grande inflation. Pour lui, les pays développés vont connaître un deuxième semestre 2008 de récession et la question qui se pose est comment éviter que la crise qui se développe n'affecte l'économie réelle. Si pour M. Laksaci l'impact de la crise sur les pays émergents « est bien réel », il dira que l'inflation dans les pays asiatiques est des plus importantes. En Afrique, dit-il, « il y a encore résistance, mais la hausse des prix du pétrole et des matières premières restent une préoccupation majeure, notamment pour les pays sub-sahariens qui ont connu une détérioration de leurs échanges et l'allégement de leurs dettes se trouve érodé par l'inflation importé et leur non accès aux financements traditionnels des banques traditionnels qui sont en difficulté ». Mais si pour le gouverneur de la Banque d'Algérie, la crise financière induit des poussées inflationnistes et la hausse des matières premières qui se répercutent sur les pays émergents, d'autres voix au sein de l'hémicycle, à l'instar de celles du Parti des travailleurs, considèrent que la crise actuelle est non financière mais bel et bien « économique et systémique ». « En dépit des milliards de dollars injectés, la crise persiste », estime M. Taâzibt qui dira : « Nous ne sommes plus menacés par une inflation importée mais il y a un véritable problème de sécurité alimentaire. » Tout en se félicitant de la décision prise contre la création de fonds souverains et la non-privatisation des banques, le député du PT estime qu'« avec 2001 milliards de dinars de liquidités dans les banques et 136 milliards de dollars de réserves de change, il est temps d'utiliser tout cet argent pour régler nos problèmes ». Pour lui, il n'est pas normal qu'« au moment où la France engage 22 milliards d'euros pour sauver ses PME, chez nous on hésite encore à aider nos entreprises pour les sauver et créer de l'emploi ». Les députés et la « reconnaissance du ventre » Des députés se sont plaints hier du fait que le document « détaillé » de la Banque d'Algérie sur la situation foncière et monétaire du pays ne leur a pas été distribué à temps, privant ainsi l'assemblée d'un vrai débat sur le sujet. Une assemblée qui peine encore à reprendre le travail et dont la majorité des députés est aux abonnés absents. Ce qui a fait dire au député du RCD Nourredine Aït Hamouda qu'avec un salaire aussi « provocateur » (plus de 30 millions de centimes) des députés n'assistent même pas aux sessions et n'ont de ce fait, a-t-il ajouté, « même pas la reconnaissance du ventre ».