Après les dernières augmentations des prix, il apparaît que le fossé ne fait que se creuser entre l'Exécutif et les citoyens. Que faut-il dire à présent? Après deux élections qui ont montré le rejet profond de la politique menée, et rien ne se passe. En envoyant un courrier aux abstentionnistes, au lendemain des législatives, le ministère de l'Intérieur montrait que le pouvoir n'avait pas compris le message des électeurs. Un taux tout aussi important a été enregistré aux élections locales. Que dit le corps électoral? Il dit souhaiter une autre politique. Plus conforme à ses aspirations, mais surtout en mesure de sauvegarder son pouvoir d'achat, à défaut de le consolider. A défaut de merles on prend des grives, en se contentant du plus petit dénominateur commun. La dernière mesure prise par le gouvernement a été d'accorder une subvention au prix de la semoule. Est-ce suffisant? Quand un Exécutif ne tire pas les leçons d'une élection, quand il ne voit pas dans la désaffection des électeurs une invite à revoir sa composante, sinon à corriger sa copie, c'est qu'on est entré dans une sorte de dialogue de sourds. C'est que le corps électoral voyait dans l'immobilisme de l'Exécutif des menaces à venir pour son pouvoir d'achat tout autant que pour ses libertés publiques. Les preuves on les a eues rapidement: depuis la disparition du sachet de lait chez l'épicier du coin à l'envolée soudaine du prix de la pomme de terre, le gouvernement n'a su mettre en place aucune digue pour stopper cette vague déferlante, ce mini tsunami qui a inondé les ménages algériens. L'inondation a continué avec la semoule, avec le mouton de l'Aïd qui s'est laissé pousser des cornes inflationnistes sans précédent, et sans vergogne aucune. Overdose de promesses non tenues, overdose de mensonges? Au dernier communiqué des producteurs de lait, qui ont pointé du doigt les promesses non tenues par le gouvernement, ce dernier n'a eu aucune réaction. Et ne voilà-t-il pas que soudainement, c'est un producteur d'huile, et partant importateur de graine oléagineuse qui reprend la ritournelle à son compte. Dans le carquois de ses récriminations, il dit tout en bloc, que l'Exécutif n'a pas été en mesure d'empêcher le prix de l'huile de connaître des augmentations successives dont on ne voit pas la fin. Les Algériens ont la nette impression d'être entrés dans un tunnel dont ils ne voient pas le bout. Si les scrutins sont faits pour prendre le pouls de l'opinion, mais qu'en fin de compte on n'en tient pas compte, alors là, il ne sert à rien d'organiser des votes, ni de consulter le corps électoral. On a de nouveaux députés, de nouveaux maires, mais tout est resté comme avant. Un défilé de responsables, qui jouent au jeu des chaises musicales, Moussa el Hadj qui prend la place de El Hadj Moussa. L'imagination ayant déserté les rangs de l'Exécutif, ce dernier ne fait aucun effort pour améliorer la situation sociale des Algériens, tant et si bien qu'aujourd'hui, il n'y a plus d'obligation de résultat. Le gouvernement qui n'est pas tenu de tenir ses promesses (celles que les candidats font tout au long de la campagne électorale et qu'ils oublient au lendemain du scrutin), se complaît dans l'immobilisme. La sanction infligée par les électeurs n'a pas été prise en considération. Cela veut dire tout simplement que la démocratie a été détournée, comme le fut jadis «le fleuve» de Rachid Mimouni. Dans ces conditions, rien n'empêche le gouvernement, dans son ensemble, de faire dans le ronron, dans la satisfaction de soi, dans le «tout va bien madame la marquise».