Les journées du film d'animation d'Alger se sont achevées, mardi dernier, avec la sélection de Regard sur le film du Maroc qu'a présenté Mohamed Beyoud. Ces journées qui ont vu la projection de nombreux films marocains, tunisiens, algériens, français et belges, ont permis aussi à de jeunes amateurs de ce genre de films de se perfectionner grâce à des ateliers de storyboard animés par David Encinas (assistant animateur, assistant réalisateur et storyboardeur). Organisées par l'association Patrimoine, MD Ciné et l'ambassade de France en Algérie, en collaboration avec la délégation Wallonie Bruxelles, TV5Monde, Unifrance et MediAlgérie, ces journées ont également bénéficié du soutien de l'association Le Souk, nous a-t-on appris, et a permis à des enfants malades d'assister à ces projections. Le public hélas, se faisant rare, la programmation, elle, était tout de même de qualité. Revenant au Maroc, parmi les sept courts métrages projetés, on retiendra celui qui s'est distingué par sa fraîcheur technique et son style, un vidéo-clip en pâte à modeler de Blad Schizophrène, réalisé par Chouaïb Chirrour et Amine Beckoury (deux étudiants de l'Ecole supérieure des beaux-arts de Casablanca) pour le groupe Hoba Hoba Spirit. Dans cet entretien, Mohamed Beyoud, responsable du service Action culturelle à l'Institut français de Meknès, nous parle ici de la place assez bonne du film d'animation au Maroc, de ses projets, notamment du festival Ficam qui en est à sa 8e édition. Un événement fédérateur qui constitue aujourd'hui un très bon tremplin pour ce genre de films, au Maghreb et, par extension, en Afrique... L'Expression: Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs? Mohamed Beyoud: Je m'appelle Mohamed Beyoud. Je suis responsable du service Action culturelle à l'Institut français de Meknès (Maroc). Je fais partie de l'équipe organisationnelle de Ficam (Festival international d'animation de Meknès), organisé par l'Institut français de Meknès et par Conserves Aïcha, l'autre mécène. Ce festival existe depuis 8 ans. On est en train de préparer la 8e édition qui se déroulera du 8 au 16 mai 2008. C'est le premier festival consacré au film d'animation au Maroc et sur le continent africain. Il se décline en 4 axes: la programmation cinématographique, les conférences-tables rondes, les expositions, la formation et pôle pédagogique, un pilier du festival. Nous avons une formation destinée aux étudiants de l'Ecole d'art moderne marocaine et une autre destinée au milieu scolaire. Un mot sur la sélection des films marocains qui ont été projetés à la salle Cosmos? On a présenté sept courts métrages qui existent plus au moins grâce au festival. Ce sont soit des films ayant été réalisés dans le cadre d'ateliers de formation, par des enfants ou par des jeunes, issus de ces écoles-là, soit des courts métrages réalisés par des Marocains qui, sachant qu'il existe un festival de ce genre, ont voulu profiter de ce tremplin. Le festival stimule donc la création dans le pays. Justement, peut-on connaître la situation du film d'animation au Maroc d'autant plus qu'on constate que ce festival qui existe depuis 8 ans constitue un véritable terreau de l'expérimentation et de la création pour ces jeunes? On commence à voir de plus en plus de jeunes qui font leurs propres courts métrages. On a aussi des boîtes de production qui se sont lancées dans les séries pour la télévision. N'oublions pas que la télévision est un facteur déterminant pour redynamiser le film d'animation qui est une industrie. Nous avons une boîte à Agadir, dans le sud du Maroc qui a fait un premier long métrage d'animation pour la télévision marocaine. Les choses qui se faisaient dans le passé étaient exclusivement dédiées à la publicité, en dessins animés classiques ou en 3 D. Aujourd'hui, il y a de plus en plus de jeunes qui font des films d'animation. On a réussi à faire rayonner le film d'animation. Nous avons une école des beaux-arts dans le nord du Maroc qui s'appelle l'Institut national des beaux-arts, à Tétouan et qui ouvre ses portes cette année. Cette école aura un département du film d'animation sachant qu'un partenariat peut être créé avec ce festival. Il y a des choses qui bougent. Il faut être un peu patient, parce qu'il faut du temps. Je suis persuadé, et l'équipe qui travaille au festival également, qu'il y aura beaucoup plus de choses à l'avenir. Avez-vous rencontré les jeunes étudiants des Beaux-Arts d'Alger ou autres jeunes cinéastes de courts métrages et comptez-vous établir des échanges avec l'Algérie? Il faut dire que je suis là pour ça d'abord, ensuite c'est pour consolider un réseau dans le Maghreb. Aujourd'hui, on est reçu par les amis algériens. Nous, nous avons invité, il y a deux ans, quelqu'un de l'association Patrimoine pour constituer justement des relations avec eux et pour que l'on puisse collaborer ensemble. Ils ont donc déjà présenté leurs courts métrages au Maroc. Moi, je viens présenter les nôtres ici. Cela me permet de rencontrer des jeunes. J'ai vu des courts métrages réalisés par des jeunes réalisateurs algériens qu'on va projeter chez nous et puis j'ai pu même discuter autour de projets qui naissent en ce moment et que je vais pouvoir exploiter pendant le festival. Je viens ainsi pour rencontrer des gens et avoir des idées par la suite. C'est donc important qu'il y ait ce genre de rencontres parce que c'est là où les liens se tissent.