Une cohue indescriptible de gens près des bus fait le décor quotidien. S'il y a un secteur à qualifier d'anarchique dans la wilaya de Bouira, c'est bien celui des transports publics. Il accuse un énorme retard en matière d'organisation et d'infrastructures. Aucun compromis entre les autorités concernées et les transporteurs. Les deux parties se désintéressent du secteur et laissent le citoyen encaisser les retombées d'une politique de gestion catastrophique. Au niveau de la gare routière, la station principale de la wilaya, la réalité est désolante. Une cohue indescriptible de gens près des bus fait le décor quotidien. Les jours de pluie, les lieux deviennent impraticables, et cette situation dure depuis des années. Faute d'espace, le stationnement ne se fait jamais suivant les règles, chaque chauffeur stationnant son bus comme bon lui semble. Pourvu que le temps passe vite pour rejoindre le quai. A la station des fourgons, située à la sortie est de la ville de Bouira, là aussi les choses laissent à désirer. En dépit des réclamations du collectif des transporteurs, aucun changement n'est venu mettre fin à cette situation. Le pire est que cette anomalie s'étend aussi, pour atteindre tout le territoire de la wilaya. Aucune station n'est digne de ce nom, une sorte d'improvisation est devenue monnaie courante chez les responsables locaux en charge du secteur du transport. «Pourvu que ça marche» demeure le seul souci de ces responsables. En plus de ces manques dont souffre le secteur, le réseau doit être pris en charge vu son importance. Il se trouve que même les professionnels du métier, ceux censés assurer un service agréable à leur clientèle, ne sont point concernés. Chaque samedi, jour du grand marché, des milliers de gens se mettent en route. Tous prennent la destination du chef-lieu. Les arrêts grouillent de monde et pour arriver tôt à son travail ou faire le marché, le mieux est de se lever avant 7h, sinon le risque de rester là jusqu'à midi est évident. A l'aller comme au retour, le cauchemar continue à travers toutes les stations et personne n'arrive à donner une explication à cette situation, pas même les transporteurs qui, à chaque fois qu'un citoyen leur parle de manque de bus, ceux-ci essaient de le rassurer: «Il faut patienter, on reviendra te ramener», répondent- ils, cela s'agissant du chef-lieu et des communes plus ou moins nanties de moyens. Il reste que pour les villages éloignés, tels Merkala, Imesdourar, situés dans les hauteurs du Djurdjura, les routes sont difficilement accessibles. Aucun mot ne dira la souffrance des gens de ces régions enclavées en matière de transport. Pour que les populations finissent avec ces problèmes de manque de transports, de routes impraticables et d'anarchie qui rongent ce secteur, une intervention urgente des autorités est indispensable. Elle facilitera le déplacement aux citoyens, en mettant en route un dispositif d'organisation et la restauration des chaussées, pour désenclaver autant de régions souffrant de l'isolement.