Il faut, selon lui, éviter les solutions temporaires et opter plutôt pour des stratégies durables. Le recours à la subvention des produits alimentaires est le signe d'une mauvaise gestion de la situation économique et sociale du pays. C'est le constat établi par Abdelhak Lamiri, P-DG du groupe Insim (Institut supérieur de management) et docteur en sciences de gestion et économie de l'université de Clermont en Californie (USA). «Puisque l'Etat n'a pas mis en place les mécanismes nécessaires pour faire face à la flambée des prix, autant recourir à la subvention», a déclaré M.Lamiri. Le problème évoqué est l'absence d'instruments de stockage. La situation aurait pu être gérée, estime-t-il, si les autorités concernées avaient pensé à constituer des stocks suffisants de produits alimentaires et à instaurer des mécanismes d'achats adéquats. Notre invité suggère d'avoir un certain nombre de stocks de sécurité pour assurer des prix plus stables face aux fluctuations internationales. Pour lui, la flambée des prix des produits alimentaires était prévisible avec la hausse des prix du pétrole. D'un point de vue politique et social, l'Etat ne peut laisser, selon lui, cette flambée des prix laminer le pouvoir d'achat alors que les caisses sont remplies. De ce fait, la seule solution, aux yeux de notre interlocuteur, est la subvention des prix. Une mesure qu'il explique par la dégradation de la production nationale ainsi que par l'absence d'une structure stratégique de commerce extérieur. Pour M.Lamiri, il faut des politiques économiques encourageant la production nationale, notamment à travers les subventions en aval et non pas en amont. C'est-à-dire soutenir les producteurs en leur garantissant un prix plafond. Dans ce sens, il invite les pouvoirs publics à éviter les solutions temporaires, et, donc, opter pour des stratégies durables. Par ailleurs, cette situation a engendré la dégradation du niveau de vie des citoyens alors que les salaires n'arrivent même pas à suivre les prix. «Il y a eu une érosion du pouvoir d'achat de 35 à 39% parce que les prix ont augmenté. Il faut la compenser par l'augmentation des salaires», a-t-il soutenu. Une augmentation qui devrait atteindre, selon M.Lamiri, 35%. Il expliquera par la suite que, certes, l'augmentation des salaires est liée à la productivité, mais elle est liée également à l'inflation. Argument: les Algériens produisent 1% de moins chaque année alors que chez nos voisins Tunisiens la productivité augmente de 1,5% durant la même période. Pour cet expert, il faut avoir des systèmes de simulation économique pour mieux mesurer les répercussions d'une hausse des salaires sur le niveau de vie, le PIB (produit intérieur brut), l'inflation et les autres paramètres économiques pour avoir une bonne politique salariale. Malheureusement, regrette-t-il, «l'Algérie ne dispose pas, aujourd'hui, d'une politique des salaires». Il a souligné que les politiques salariales internationales prennent en considération plusieurs facteurs dont l'érosion du pouvoir d'achat, la productivité, la croissance économique. Or, en l'absence de ce genre de système, on risque de cafouiller dans la conduite de la politique économique, considère-t-il.