Le P-DG de l'Insim suggère un autre scénario qui consiste à changer radicalement de politique économique et à privilégier les véritables facteurs-clés de succès d'une économie : privilégier les dépenses en vue d'améliorer qualitativement les qualifications humaines, moderniser le management institutionnel et orienter les ressources vers la création d'un tissu de PME/PMI moderne (au moins 500 000) tout en finançant les réussites. “Les conséquences de l'évolution des prix du pétrole dépendront de la forme de réaction des autorités économiques car, en dépit d'une mauvaise gestion de la transition, les pouvoirs publics se sont donné des marges de manœuvre appréciables.” C'est du moins l'avis du P-DG de l'Insim, professeur en économie et expert en management. La constitution d'un fonds de régulation, le paiement anticipé de la dette, la suppression de l'accès aux crédits internationaux et la constitution d'une réserve de plus de 134 milliards de dollars “sont des décisions longtemps saluées par des experts nationaux y compris nous-mêmes”, souligne le professeur Lamiri, affirmant avoir “prévu dans un ouvrage récent la situation économique actuelle” qu'il a appelé “relance d'une économie non assainie”. M. Abdelhak Lamiri évoque quelques indications sur les choix des pouvoirs publics. “Ils vont essayer de garantir d'abord le financement futur du budget de fonctionnement. Ils vont tenter d'injecter tout surplus dans la continuité des politiques économiques, c'est-à-dire des programmes de relance”, affirme le professeur, précisant qu'avec un prix avoisinant 60 dollars, nous pouvons financer un budget normal, mais il n'y aurait pas de ressources supplémentaires à injecter pour continuer le programme des infrastructures. “Il nous faut alors puiser dans le Fonds de régulation et les réserves. Nous pouvons le faire pendant deux ou trois ans. Nous aurons une croissance extensive positive, mais molle et le chômage se stabiliserait vers les 10%”, explique-t-il. Cependant, précise M. Lamiri, l'économie reste fragile et retournera à la crise dès qu'on cessera d'y injecter des ressources. “Nous savons aujourd'hui avec une très forte dose de certitude comment fonctionne une économie en transition et de surcroît sous-industrialisée. Les travaux de Lewis (prix Nobel d'économie) et de Drucker (père fondateur du management) pointent dans la même direction : dans ce type d'économie, les politiques de demande échouent toujours”, explique le professeur. “Les politiques de demande sont très utiles et valables dans les pays à économie de marché avancé”, indique M. Lamiri. “On s'est trompé de modèle”, lance-t-il, avertissant les pouvoirs publics sur les limites de leur approche, appuyée par une majorité d'experts nationaux. “On ne crée pas une économie hors hydrocarbures. Bien sûr qu'on créera quelques réalisations : autoroute, logements, hôpitaux, universités, etc.”, constate le professeur Lamiri estimant que “le niveau de développement des infrastructures a été exagéré au détriment des paramètres de développement durable : PME/PMI, développement humain, modernisation institutionnelle”. Du coup, regrette-il, “à moyen terme, le chômage et les problèmes sociaux deviennent aigus dès que les prix pétroliers connaissent une baisse durable”. Le P-DG de l'Insim suggère un autre scénario qui consiste à changer radicalement de politique économique et privilégier les véritables facteurs-clés de succès d'une économie : privilégier les dépenses en vue d'améliorer qualitativement les qualifications humaines, moderniser le management institutionnel et orienter les ressources vers la création d'un tissu de PME/PMI moderne (au moins 500 000) tout en finançant les réussites. Ceci nécessite une ingénierie institutionnelle globale. “Nous ne pouvons pas détailler les aspects techniques liés à ce programme. Nous aurons alors deux à trois ans de résultats mitigés car ce changement colossal de changer les structures et les méthodes de décision et de gestion. Ce scénario idéal et peu probable permettra de construire une économie durable déconnectée des recettes pétrolières”, souligne le professeur Lamiri, expliquant que “les taxes collectées sur ces activités serviront à financer des infrastructures et des programmes sociaux”. M. R.