Avis n L' Algérie ne dispose pas de stratégie d'où la difficulté d'asseoir des réformes financières efficientes, a indiqué le docteur Abdelhak Lamiri, P-DG du groupe INSIM. «On ne peut pas parler de réforme sans avoir défini une politique cohérente et claire pour la gestion des institutions financières, c'est le type d'économie qui déterminera le type de réforme qu'il faut intégrer», a t-il précisé, en mettant en exergue la nécessité de pousser les banques financières et les réorienter vers le financement des entreprises productives. M. Lamiri s'exprimait hier, lors d'un séminaire ayant pour thème «Réformes financières et transition» organisé par la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité au CNIS, douanes (Alger). M. Lamiri a mis l'accent, dans son intervention, sur le rôle du système financier permettant le développement des entreprises, leur extension, leur innovation pour qu'elles puissent être plus compétitives face aux enjeux économiques. Il préconise que l'Algérie doit accompagner des entreprises structurées qui ont la capacité de générer une plus-value et un développement durable au lieu de continuer de financer celles qui sont complètement déstructurées financièrement ou en «faillite». «Une entreprise en voie d'effondrement, une fois éliminée, peut donner naissance à plusieurs entreprises et une entreprise morte peut détruire une richesse tant qu'elle consomme plus qu'elle ne donne. Pour éviter d'aller à leur secours par le biais des crédits de complaisance, l'Etat doit jouer son rôle de régulateur et d'accompagnateur», a estimé M. Lamiri. De son point de vue, la culture héritée du système antérieur fait que ces entreprises restent souvent sous perfusion et que la privatisation un peu hésitante favorise ce type d'approche. Il a mis en avant, que l'Algérie connaîtra probablement un problème de dividendes, voire une crise si elle continue à adopter cette même logique à l'égard des IDE (investissements directs étrangers). «L'Etat doit être regardant vis-à-vis du transfert des dividendes surtout lorsqu'on sait qu'en 2007 le volume des bénéfices transférés vers l'étranger s'élevait à 7 milliards de dollars. Dans les 10 à 50 prochaines années, la proportion pourrait atteindre 50 milliards à 100 milliards de transfert de dividendes», a-t-il averti. Face à ce problème, M. Lamiri propose de booster les PME locales et de développer le capital national privé pour atténuer le risque d'une dévaluation du dinar qui conduit à une situation d'inflation. En outre, M. Lamiri a fait remarquer que la surliquidité dont jouit l'Algérie, profite aux investisseurs étrangers qui prennent un fort taux d'intérêt allant jusqu'à 30%. Pour lui l'Etat doit garder les banques publiques et les orienter vers le secteur privé national et réorienter ainsi le surplus financier existant vers la création d'entreprises productives et durables. Pour sa part, Hamedi Mohamed Lamine, expert comptable, a noté, que le taux d'entreprises créées en Algérie reste faible si on le compare à celui des pays développés, «100 entreprises pour 100 000 habitants en Algérie alors qu'il se situe entre 3 000 à 4 000 entreprises pour 100 000 habitants ailleurs», a-t-il précisé.