C'est une visite qui s'annonce, en premier lieu, tel un correctif glissé entre les lignes et destiné à contredire des allégations ayant trait à son état de santé. Le président Bouteflika a repris la tête d'une locomotive qu'il avait abandonnée depuis le 6 septembre 2007, date de l'attentat de Batna, dont il a été la cible des criminels du Gspc. Le chef de l'Etat devra se rendre demain à Tamanrasset. C'est une visite qui s'annonce, primo, tel un correctif glissé entre les lignes et destiné à contredire des allégations ayant trait à son état de santé. Et, secundo, vérifier des réalisations qu'il avait promises dans le cadre du programme spécial Sud, d'autant que le compte à rebours pour le rendez-vous d'avril 2009 va bientôt débuter. Mais la symbolique de taille n'est autre que la reprise des visites présidentielles, en arrêt depuis septembre 2007. En septembre 2005, sanctionnant deux visites qui l'on conduit à Laghouat et Ouargla, le chef de l'Etat avait chargé Ahmed Ouyahia, alors chef de l'Exécutif, d'initier un programme complémentaire spécial Sud qui a été doté d'une cagnotte estimée à quelque 377 milliards de dinars. Laquelle cagnotte était censée accélérer la roue de l'investissement dans les dix wilayas du Sud. Ces investissements étaient destinés, a priori, à améliorer le train-train quotidien des citoyens. Sur les 377 milliards de dinars, une cagnotte de 296 milliards devait arroser les chantiers de l'habitat avec, comme prévisions, la construction de quelque 60.000 logements. Le projet qualifié du «siècle», le transfert d'eau de la nappe d'In Salah vers Tamanrasset, sur une double voie de 750 kilomètres, est considéré également comme l'une des plus importantes réalisations inscrites sur la carte du programme complémentaire spécial Sud. Au-delà de toutes les considérations d'ordre politique, le staff gouvernemental, objet de plusieurs récriminations ces dernières semaines, est appelé, une fois de plus, à prouver au chef de l'Etat son efficacité et sa rigueur. C'est-à-dire qu'il est temps d'évaluer, sur le terrain, les avancées du plan de développement spécial Sud, confectionné par Ahmed Ouyahia, cependant critiqué et repris par le staff d'Abdelaziz Belkhadem. L'enjeu est de taille. Pour le président Bouteflika, l'avancement de son programme -celui alloué au Sud et aux Hauts-Plateaux ainsi que le parachèvement de toutes les réalisations prévues pour 2009- est une question d'engagement. Les ministres seront aussi (ré)évalués sur la base de leur rendement, d'autant plus qu'on annonce, d'ores et déjà, un remodelage du gouvernement prévu pour les jours à venir. La visite de Tamanrasset a été annoncée à plusieurs reprises, mais ajournée pour des raisons non connues. Des sources, proches du palais d'El Mouradia, nous ont même indiqué que des services de la Présidence se sont déplacés sur les lieux aux fins de baliser le terrain. Le renvoi sine die de cette escale présidentielle avait fait couler beaucoup d'encre, à l'époque, quant à la santé du président et l'efficacité de son équipe du gouvernement. Mais le chef de l'Etat avait préféré faire sa propre «démonstration de force» sur les artères de Constantine, lors de la récente visite du président français, Nicolas Sarkozy, en novembre dernier. Et c'est Abdelaziz Belkhadem, chef de l'Exécutif qui était appelé à plusieurs reprises à préciser que «le président va bien», allant jusqu'à lui demander de réviser la loi fondamentale du pays et de briguer un troisième mandat. Bouteflika absent, les rumeurs et lectures allaient bon train! Etait-il réellement menacé par Al Qaîda, comme cela a été aussi annoncé? Cette interprétation est liée au dernier appel au crime de Ayman Al-Zawahiri, le n°2 d'Al Qaîda, dans lequel il a lancé une véritable déclaration de guerre contre «les régimes du Maghreb et leurs alliés américains, français et espagnols». En clair, le n°2 de l'organisation criminelle Al Qaîda, dans un enregistrement sonore diffusé le 3 novembre 2007, avait formellement menacé les chefs des quatre Etats du Maghreb, à savoir le Maroc, l'Algérie, la Tunisie et la Libye. Cet énième appel au crime est intervenu un mois après l'attentat de Batna et un mois avant celui du 11 décembre 2007 à Alger. Quoi qu'il en soit, pour conclure cette série de questionnements, le chef de l'Etat est attendu demain dans la wilaya de Tamanrasset pour une visite de travail et d'inspection sur plusieurs chantiers, dont celui relatif au transfert des eaux souterraines de In Salah vers Tamanrasset. Un chantier, on ne peut plus stratégique pour le développement de la région du Sud.