Ces arrestations confirment, une fois de plus, ce nouveau modèle de réseaux mafieux. Un important réseau gangsterroriste a été démantelé la semaine dernière par la brigade de la gendarmerie de Thenia, et ses membres, au nombre de cinq, ont déjà été arrêtés et placés, dimanche, sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Boumerdès. Contre ce réseau, il est notamment retenu la falsification de billets de banque, le pillage de sable, le vol, la détention et la diffusion de documents subversifs touchant à la sécurité de l'Etat. Ces arrestations confirment, une fois de plus, ce nouveau modèle de réseaux mafieux: le «gangsterrorisme», vaste toile couvrant toutes les gammes criminelles et principalement, pour se doter d'un paravent théologico-politique puissant, le terrorisme. Une importante saisie de micro-ordinateurs, scanners, imprimantes, fausse monnaie de 100, 200 et 1000 DA, soit l'équivalent de 130.000 dinars, a été effectuée au domicile des personnes incriminées, Il a été aussi trouvé des disquettes contenant des documents subversifs faisant l'apologie du djihad, reprenant des textes entiers du MAOL et des opuscules écrits par des chefs de guerre, tels ceux intitulés «Constantes sur le chemin du djihad», «L'enfer des prisons», «Les impies mobilisés». Ce groupe de personnes, qui activait entre El-Harrach, Bab Ezzouar et Aïn Taya et vu ce que les forces de sécurité ont déjà saisi, projetait d'étendre son réseau vers Alger-centre et Boumerdès. L'importance du matériel saisi l'équivalent de 2.000.000 de dinars (deux cents millions de centimes) et qui était mis en service renseigne sur les dispositions du réseau, sur ses ramifications (qui restent encore à débusquer), sur son influence (un des cinq membres, notoire pilleur de sable, a été libéré et placé sous contrôle judiciaire) et, surtout, sur les mutations que savent opérer les réseaux terroristes dans les milieux urbains. Ici, nous avons affaire à cinq hommes, âgés entre 23 et 40 ans, habitant à El-Harrach (pour trois d'entre eux), Aïn Taya et Bab Ezzouar, c'est-à-dire dans des agglomérations urbaines et de façon tout à fait ordinaire, avec leurs épouses et leurs enfants et exerçant des professions, etc. Ces mutations, d'un genre nouveau, semblent faire aujourd'hui tache d'huile. Appelée «gangsterrorisme», cette forme de criminalité est à cheval sur plusieurs registres mafieux à la fois et qui relèvent aussi bien du terrorisme que du gangstérisme. A plusieurs reprises ce mode d'action a été mis en évidence par les services de sécurité. Il y a quelques mois, au moins vingt personnes avaient été arrêtées à Tébessa. Elles procédaient, la nuit tombée, à des faux barrages et rackettaient systématiquement les gens, sous le couvert du Gspc. Le jour venu, elles se fondaient dans la masse urbaine. En fait, c'étaient des brigands qui, avec l'assentiment du chef local du Gspc, rackettaient les citoyens et prélevaient une dîme qu'ils lui envoyaient. Tout le monde trouvait son compte dans ce stratagème. Il y a deux mois, c'est Boumerdès qui s'est réveillée aux bruits de l'arrestation de quinze personnes. Le procédé était le même, et les ramifications s'étendaient au-delà de cette wilaya, pour embrasser les hautes montagnes de Beni Slimane, Tablat, etc. D'autres groupes terroristes, à l'Ouest et au Sud, privilégient le travail de concert avec les réseaux de drogue. Là, nous sommes en face des narco-terroristes, autres filières plus dangereuses et plus performantes que toutes les autres, car manipulant un argent qui se comptabilise en milliards et se servant de moyens vraiment lourds (véhicules 4X4, chalutiers, armes, éclaireurs, etc). Les nouvelles mutations du terrorisme. Voilà un thème qui sera à l'ordre du jour pour les années à venir. Et déjà, aujourd'hui, sous nos yeux, ces terroristes s'attellent à développer des stratégies de symbiose d'une efficacité déroutante.