Présenté comme étant une tournée pour la paix entre Palestiniens et Israéliens, le périple de Bush risque fort de se focaliser sur l'Iran. De fait, avant même de prendre l'avion pour Jérusalem, le chef de la Maison-Blanche avait annoncé la couleur en centrant son propos hebdomadaire du samedi sur l'Iran dont il veut contenir «les ambitions agressives». Le président Bush a ainsi déclaré à propos du Proche-Orient que «c'est une région d'une grande importance stratégique pour les Etats-Unis, et j'attends avec impatience cette visite». M.Bush qui visitera également le Koweït, le Bahreïn, l'Arabie Saoudite, les Emirats et l'Egypte, a indiqué qu'il discuterait «de l'importance de s'opposer aux ambitions agressives de l'Iran» et de souligner, «et je les assurerai du fait que l'engagement de l'Amérique en faveur de la sécurité de nos amis dans la région est fort et durable». A l'adresse des dirigeants moyen-orientaux, le président Bush ajoute: «L'Amérique restera engagée dans la région», non sans ajouter une pique à l'encontre des leaders de la région lorsqu'il affirme que le Proche-Orient était confronté à un «moment décisif» selon lui dans la bataille entre «réformateurs démocrates» et «extrémistes». En mettant plus l'accent sur le problème que constituerait, selon les stratèges américains, le cas de l'Iran, que sur la volonté de trouver une solution globale et durable au contentieux israélo-palestinien, le président George W.Bush fait valoir ses priorités, qui sont la «maîtrise» et le «contenment» de la République islamique. Aussi, l'Iran accapare tellement la pensée du dirigeant américain qu'il faillit en oublier la raison première de son voyage proche-oriental qui consiste à aider les Palestiniens et les Israéliens à travailler ensemble pour la mise en oeuvre des plans de paix pour la région qui ont été remis sur les rails par la conférence d'Annapolis (Etats-Unis) du 27 novembre dernier. Mais la problématique iranienne, à défaut d'éclipser totalement la question palestino-israélienne demeure néanmoins en pole position et les stratèges américains ont plus tendance à focaliser sur l'Iran que réellement vouloir s'engager à fond dans un contentieux israélo-palestinien où leur marge de manoeuvre est pour ainsi dire limitée, Washington s'étant délibérant privé de leur indépendance de décision en prenant fait et cause pour une des parties belligérantes: Israël. D'autre part, «l'incident» entre marines iranienne et américaine (voir article ci-dessous) dans le détroit d'Ormuz, artificiellement grossi par le Pentagone, donne quelque peu le là, à une visite qui a perdu de sa tonalité initiale. D'autant que c'est la toute première visite du président américain -depuis son investiture en 2001- en Israël et dans les territoires occupés palestiniens. Il était beaucoup attendu de cette visite officielle du président Bush dans la région, notamment celle de faire pression sur Israël dont l'appétit expansionniste ne se dément pas allant à l'encontre des efforts de paix déployés pour parvenir à une solution. Or, Israël a entrepris la construction de logements coloniaux dans la ville arabe de Jérusalem-Est et dans les colonies juives de Cisjordanie, mettant fortement en doute sa disponibilité à réunir les conditions pour la paix. Dès lors quel crédit peut être accordé à la volonté de paix d'Israël qui semble autant vouloir la paix que peu désireux de céder les territoires? C'est sur cette question qu'il aurait été opportun que le «parrain» américain du processus de paix clarifie la position américaine et dise clairement que la ligne verte du cessez-le-feu d'avant juin 1967 demeurait la ligne de démarcation entre l'entité juive et les territoires palestiniens et que tout ce qui a été entrepris par l'occupant israélien au-delà de cette ligne est nul, car n'entrant pas en phase avec les résolutions de l'ONU, notamment les résolutions 242 et 338 qui exigent de l'Etat hébreu son retrait sur les lignes d'armistice entre Israël et les territoires palestiniens occupés. Certes, le problème est effectivement difficile et Israël s'est attaché ces dernières années à brouiller davantage les cartes en reprenant d'une main ce qu'il donne l'impression d'avoir cédé, de l'autre. Ce jeu ne peut continuer, surtout quand Israël met à profit les accalmies avec les Palestiniens pour élargir son expansion et «charcuter» les territoires palestiniens occupés, rendant hypothétique la création d'un Etat palestinien indépendant doté de tous les attributs de la souveraineté. De fait, il a été constaté un recul sur cette question de la part de M.Bush qui n'a pas renouvelé dans ses dernières déclarations sa «vision» de deux Etats (Israël et Palestine) vivant côte à côte en paix. Aussi, la question qui se pose est la suivante: George W.Bush, qui quitte dans un an la Maison-Blanche, peut-il conclure en ce laps de temps ce qu'il ne put faire durant ses deux mandats à la tête de la Fédération américaine, alors que sa «vision» de deux Etats -qui date de près de cinq ans- est restée lettre morte et n'a pas eu la suite attendue, la création de l'Etat palestinien?