Il existe une dizaine de services en Algérie chargés de traiter les patients. «Ne donnez pas de chiffres, car on n'a pas fait d'enquête à l'échelle nationale!», a lancé, d'emblée, le professeur Mourad Semrouni, chef du service endocrinologie au Centre Pierre et Marie Curie (PMC) d'Alger. S'exprimant, hier, en marge du 26e Congrès de la Société algérienne d'endocrinologie et métabolisme à Alger, l'orateur a relevé que parmi les principales maladies endocriniennes, il y a le cancer thyroïdien, le diabète, le goitre, l'obésité, la stérilité et la puberté précoce ou tardive. Ainsi, il a indiqué qu'il existe une dizaine de services en Algérie, chargés de traiter les patients, notamment à Tizi Ouzou, Annaba, Oran, Batna, Constantine et Alger. «Une chose est sûre, c'est que chaque année, je reçois dans mon service 250 patients atteints d'un cancer de la thyroïde», a-t-il précisé. Plus explicite, le spécialiste renvoie les causes de la maladie à la radioactivité, mais en Algérie, elle serait beaucoup plus due au manque d'iode. Il a estimé de ce fait que «l'iode est indispensable à la production des hormones thyroïdiennes. Ces hormones étant indispensables au développement cérébral jouent un rôle important dans la régulation du métabolisme cellulaire». Et d'ajouter: «La présence d'iode dans l'alimentation est fondamentale car il diminue les risques de cancer.» Malheureusement, les maladies endocriniennes se multiplient à travers le territoire national. Pour cela, les endocrinologues souhaitent l'intervention de l'Etat. L'objectif étant d'assurer les moyens nécessaires pour maîtriser ce phénomène. Concernant la prise en charge des malades, il a souligné que «les médecins spécialistes sont bien formés à ce niveau». «Mais beaucoup de médicaments manquent», a-t-il déploré. Sur ce volet, il a précisé que «nous avons besoin de moyens thérapeutiques ainsi que des outils de diagnostic afin de dépister la maladie». L'orateur a poursuivi: «L'Etat doit nous aider car il y a beaucoup de maladies génétiques.» Prenant part au débat, le doyen des endocrinologues algériens, le professeur Moulay Ben Miloud, a souligné que les maladies endocriniennes sont plus fréquentes chez les femmes que les hommes. «En dehors du diabète, il y a un problème d'endémie goitreuse. Cela est dû à la carence en iode», a-t-il déploré. Dans sa lancée, il a indiqué que «selon des enquêtes effectuées en 1992, on avait relevé que 90% du sel était iodé. A présent, nous en sommes à 50%». A ce propos, l'intervenant pointe un doigt accusateur sur les producteurs privés de sel. «Ils ne respectent pas la réglementation. Le sel est fabriqué n'importe comment et est destiné aux bourses les plus maigres. Mais sans se rendre compte de la nocivité qu'il peut avoir sur la santé», a-t-il précisé.