La pathologie thyroïdienne », « Diabète et risque cardiométabolique » sont les deux thèmes choisis pour le 6e Congrès de la Fédération maghrébine d'endocrinologie et diabétologie organisée respectivement par les Sociétés algériennes de diabétologie et d'endocrinologie à l'hôtel Sheraton depuis vendredi. Le risque cardiométabolique est défini par les spécialistes comme étant le risque de souffrir, à plus ou moins long terme, d'une maladie cardiovasculaire, attaque cardiaque, attaque cérébrale et ou d'un diabète. Les facteurs de risques sont, signale-t-on, l'excès de mauvais cholestérol (LDl), le tabagisme, antécédents d'attaque chez les parents, hypertension artérielle (HTA), diabète et obésité abdominale. La gravité de cette maladie, nous explique le Dr Daoud, diabétologue à la clinique Aïn Naâdja, réside dans ses complications vasculaires qui sont fréquentes, invalidantes, le plus souvent silencieuses (sans symptômes), nécessitant un dépistage systématique, d'où l'importance de la prévention. Cela passe non seulement par le bon équilibre glycémique, mais aussi par le traitement des nombreux facteurs de risque très souvent associés au diabète. « La base du traitement reste le respect d'un certain nombre de règles hygiéno-diététiques certes simples, mais souvent difficiles à faire appliquer par le malade. Parmi ces mesures, on citera la lutte contre l'obésité et la sédentarité par la pratique régulière d'une activité physique, l'arrêt du tabac (mesure impérative car c'est un facteur très aggravant), le traitement des anomalies lipidiques et de l'HTA souvent associées au diabète », a-t-il recommandé en précisant qu'il est nécessaire de mettre en place un programme national de prévention intersectoriel avec des campagnes d'information et d'éducation. Quant à la pathologie thyroïdienne, sur les 22 000 consultations pour des affections d'endocrinologie assurées à Alger, près de 50% des malades sont atteins du cancers de la thyroïde, selon le Pr Mourad Semrouni, chef de service d'endocrinologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC). Il signale que quelque 1300 nouveaux cas de cancer de la thyroïde sont recensés chaque année en Algérie, dont 240 sont pris en charge en 2008 au niveau du CPMC, mais ces statistiques ne sont pas confirmées par des études épidémiologiques. Le registre des cancers classe le cancer de la thyroïde en quatrième position, mais les chiffres avancés sont approximatifs. « Il est important, aujourd'hui, de lancer une étude nationale sur cette maladie », a-t-il indiqué. Cette affection, nous explique-t-il, est due à des facteurs génétiques et d'autres d'ordre environnementaux, tels que l'exposition à des produits polluants, a-t-il précisé, avant d'ajouter que les femmes sont plus susceptibles d'attraper le cancer de la thyroïde. Il rassure que ce ne sont pas tous les nodules thyroïdiens qui sont cancéreux. « Seulement 8% sont cancéreux et ces cancers sont de bons pronostic. » La prise en charge de ces cancers pose un problème, souligne le Pr Semrouni, notamment le manque de moyens, tels des appareils spécifiques, comme la gamme à caméra, un moyen indispensable en médecine nucléaire, le nombre de chambres plombées et autres instruments. Il déplore que des structures disposant de médecins endocrinologues sont dépourvues de moyens, tels que ces appareillages, les réactifs, etc. Quant aux troubles de la thyroïde, comme l'hyperthyroïdie et l'hypothyroïdie, le Pr Semrouni estime qu'ils ne représentent pas un nombre importants en Algérie. Aujourd'hui, la situation a beaucoup changé comparativement aux années 1970 où l'on parlait d'endémie goitreuse, en raison des caractéristiques géographique du pays. Il signale qu'actuellement, il n'y a aucun chiffre à propos de ces affections et leur évolution, mais nous avons des informations indirectes qui montrent que la carence en iode a été améliorée, ce qui nous donne moins de cas de goitres, moins d'hyperthyroïdie, à l'époque de 30%. Nous avons une amélioration du statut thyroïdien par rapport à la carence iodée. Par contre, il soulève le problème de l'hypothyroïdie congénitale, dont le dépistage néonatal a été abandonné. Ce qui peut provoquer des handicaps mentaux irréversibles chez les nouveaux-nés. « Il y a quelques années, le dépistage était systématique chez les bébés 48 heures après la naissance », a-t-il ajouté, en précisant qu'il est important de vérifier l'hypothyroïdie néonatale, car il est plus facile de traiter avec des hormones ces bébés que d'assurer une lourde prise en charge pour des handicapés mentaux. A noter que les travaux du Congrès maghrébin de la Fédération maghrébine d'endocrinologie et diabétologie, auxquels prennent part 600 médecins de différentes régions du pays et du Maghreb, prendront fin aujourd'hui.