«Il n'est plus permis, dorénavant, à quiconque d'engager le parti dans une quelconque aventure.» Selon un membre des sept («légalistes fondateurs», ndlr) de l'ex-FIS, toute orientation politique qui pourrait intéresser la direction du parti dissous est «discutable, sujette à débat et dans le cas où elle pourrait avoir des répercussions nationales évidentes, ou qu'elle pourrait contribuer à une sortie de crise, sera soumise à l'approbation de la direction collégiale, toute la direction», insiste notre source. Cette déclaration vient, en fait, fort à propos pour contrebalancer celle attribuée à Ali Benhadj, et repris, par le quotidien arabophone El Youm, et selon laquelle le n°2 du FIS aurait affirmé que «le boycott des élections, dans l'état actuel des choses, est plus qu'une nécessité, un devoir». Le propos de Benhadj peut sembler le choix définitif adopté par l'ensemble des leaders, qui, par assentiment et approbation tacites de la décision de l'ex-enfant terrible du parti, y souscrivent de fait. Toutefois, tel n'est pas le cas. La dernière réunion, qui a regroupé les principaux animateurs encore crédibles (Ali Djeddi, Abdelkader Boukhamkham, Kamel Guemazi, Noureddine Chigara + les deux chouyoukh, l'un en détention, l'autre assigné à résidence + Omar Abdelkader, qui a fui le pays en direction des Pays-Bas, il y a quelques mois), et qui avait permis de lisser, les aspérités et de concilier les unes avec les autres, avait aussi, justement, permis de s'entendre sur l'essentiel: «Il n'est plus permis, dorénavant, à quiconque d'engager le parti dans une quelconque aventure, choix ou orientations sans que l'ensemble du groupe, une sorte de majliss choura, ait été préalablement consulté». Comprendre par cette formule que ni Ali Benhadj ni encore moins Abassi Madani ne possèdent l'exclusivité de la décision. Les errements et les déchirements du passé et qui semblent encore peser de tout leur poids sur le groupe actuel semblent encore trop douloureux pour permettre à un ou deux leaders de s'engager dans des issues aléatoires. Toute cette littérature tend vers un but, ou plutôt vers un message clair adressé aux pouvoirs publics et qui veut dire que si, aujourd'hui, ce qui reste du parti peut, d'une façon ou d'une autre, contribuer à une sortie de crise, par le biais d'un vote ou autre moyen légal, il le fera sans condition. En termes concrets, la direction actuelle affirme sa disponibilité à travailler avec les pouvoirs publics pour peu que ces derniers le souhaitent. Car le problème de l'illégalité du parti se pose toujours Aujourd'hui, à la lumière des élections, les données ont changé. Le mouvement de boycott a fait un effet «boule de neige». Si le pouvoir maintient le cap sur les législatives, il y a de fortes chances de voir les islamistes de l'ex-FIS, dont l'électorat demeure assez imposant, y jouer un rôle effacé, mais pesant. La possibilité de la participation des repentis avait donné matière à réflexion et offert un sujet de polémiques à l'ensemble de la classe politique, bien que la quasi-totalité des leaders de la nébuleuse armée, puis tréviste, ait affirmé, de manière solennelle, son désintérêt pour toute élection politique, tant en appuyant ses revendications sur la nécessité d'améliorer ou d'assainir la situation sociale (et professionnelle) des trévistes des organisations autodissoutes le 13 janvier 2000, l'AIS, la Lidd et le Mipd.