Les premières divergences apparaissent déjà. Le retour de Rabah Kebir et de ses proches collaborateurs de leur exil allemand a redynamisé la vie politique, murée jusque-là, dans un cadre partisan, dominé par le débat autour de l'amendement de la Constitution. Le triumvirat, constitué par les partis de l'Alliance présidentielle, RND-FLN-MSP, s'est vite focalisée sur le dossier du FIS dissous qui remonte à la surface. Les premières divergences apparaissent déjà. Annoncé pour le mois de juillet dernier, Rabah Kebir a reporté son voyage de deux mois. Il est revenu, en ce mois de septembre 2006, au moment où commençaient à apparaître des signes d'essoufflement de la politique de réconciliation prônée par le président Abdelaziz Bouteflika suite aux résultats mitigés sur le plan des statistiques concernant le nombre des repentis et de la fin des délais impartis par les textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Le retour d'une faction de la direction du FIS dissous installée à l'étranger est un signe fort de la bonne santé du projet initié par le président de la République. Y a-t-il eu plus de garanties de la part du pouvoir pour effacer ses dernières hésitations? On n'en saura rien. L'ex-porte-parole de la délégation exécutive de l'ex-FIS à l'étranger, est revenu avec un projet politique qui conforte les thèses de la réouverture du champ politique aux anciennes figures du parti dissous. En appelant les activistes islamistes à déposer les armes, Kebir marque son territoire et pose les premiers jalons de ce qui pourrait être une nouvelle force partisane. Même si cette vision trouve des opposants au sein même des animateurs de l'ex-nébuleuse islamiste, à l'image d'un Ali Benhadj, Boukhamkham, Chigara, Guemazi et consorts qui se considèrent comme les «historiques» et membres fondateurs du FIS. Irréductible et pas encore disposé à faire la moindre concession aux partisans d'un retour politique de cette mouvance islamiste suivant les règles édictées par le pouvoir. Un FIS-soft, prêt à intégrer le jeu politique sous une autre appellation, est une piste sérieuse que les observateurs de la scène politique nationale commencent d'ores et déjà à explorer. Si le parti de Boudjerra Soltani, le MSP, se dit ouvert à l'hypothèse d'un retour des politiques de l'ex-FIS sur la scène politique, le RND, par la voix de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia, a balayé du revers de la main toute manoeuvre politique visant à faire remettre sur selle les ex-Fissistes. Pour l'ex-chef de gouvernement, les textes de la Charte nationale sont clairs à ce sujet, puisqu'il est interdit à toute personne impliquée dans la tragédie nationale de revenir sur la scène politique nationale. Ce qui signifie, aux yeux d'Ouyahia, que les ex-animateurs de la nébuleuse islamiste sont politiquement morts. Il va jusqu'à anticiper sur le futur et l'évitable débat sur l'amnistie générale en se positionnant contre. Du côté du FLN, on observe un silence total mais significatif. Préférant peut-être éviter la polémique pour ne pas mettre en péril le fragile consensus au sein de l'Alliance présidentielle. A vrai dire, le militantisme volontaire de Abdelaziz Belkhadem pour le retour des cadres du FIS installés à l'étranger renseigne bien sur la position adoptée par le FLN. L'actuel chef du gouvernement passe pour être une garantie des bonnes intentions du pouvoir aux yeux des islamistes intégrés dans la dynamique de la réconciliation nationale. De par son profil de réconciliateur par conviction de la première heure, Abdelaziz Belkhadem représente la caution du pouvoir pour un règlement politique de la crise post-élections de 1992. Cette divergence constatée à l'intérieur de l'Alliance présidentielle est une menace directe sur l'unité des rangs entretenue jusque-là.