La conférence de François Dosse, qui se tiendra ce jeudi 17 janvier à 14h30, portera sur le thème «De l'intellectuel du soupçon à l'intellectuel spécifique» et non pas sur «Pour une histoire sociale de la mémoire», comme annoncé précédemment. Un archétype a longtemps dominé exclusivement la scène intellectuelle française: celui de l'intellectuel critique à vocation universelle, intellectuelle, à la fois du soupçon et de la dénonciation. Depuis l'affaire Dreyfus, devenue matricielle, jusqu'à Sartre et même Bourdieu, ce modèle a été dominant, celui de l'incarnation d'une éthique de la conviction face à la raison d'Etat. Le destin funeste des utopies dans le tragique XXe siècle et la technicisation des savoirs, leur parcellarisation ont fait triompher une culture d'expertise qui s'est, peu à peu, substituée au contrôle démocratique et citoyen. Il devient donc impératif de redéfinir une nouvelle figure de l'intellectuel, combinant éthique de conviction et de responsabilité (Max Weber), la figure d'un intellectuel démocratique renonçant à sa position de surplomb mais restant en alerte comme intellectuel spécifique, un peu à la manière dont Michel Foucault l'a défini et dont Paul Ricoeur ou Pierre Vidal-Naquet l'ont incarné, un éclaireur des enjeux sociaux des concepts utilisés dans la Cité, animé par une exigence de vérité.