Le ministre ne voit pas l'utilité de cette commission après la revendication des attentats par la branche Al Qaîda au Maghreb. Le comportement de l'ONU irrite Alger. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, a dénoncé la décision du secrétaire général de l'ONU de créer une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre 2007 à Alger. S'exprimant en marge de la séance des questions orales, tenue jeudi dernier à l'APN, M.Zerhouni n'a pas mâché ses mots. «C'est une fausse vierge effarouchée», a-t-il déclaré. Pour rappel, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui s'est rendu à Alger quelques jours après les attentats en question, a ordonné la constitution d'une commission d'enquête indépendante. Le ministre de l'Intérieur ne voit même pas l'utilité de cette commission. Puisque les attentats du 11 décembre contre les sièges des représentations de l'ONU et le Conseil constitutionnel ont été revendiqués par la branche d'Al Qaîda au Maghreb (Baqmi, ex-Gspc algérien), pour lui, il ne reste rien à révéler. «Que va apporter de plus cette commission par rapport au travail déjà accompli par les autorités algériennes? A-t-elle une baguette magique qui nous permettra de faire sortir les auteurs de ces attentats du maquis?», s'est-il interrogé. Et de renchérir: «Pourquoi ceux qui parlent de commission indépendante n'ont pas avancé leur solution magique lorsque l'Algérie combattait seule le terrorisme.» M.Zerhouni ne s'est pas arrêté là. Voulant bien appuyer ses propos, il a rappelé que «les institutions de l'ONU, à travers le monde entier, ont été ciblées par le terrorisme». Il a même cité en exemple ce qui s'est passé à Baghdad (Irak), en Europe et dans d'autres régions. Le ministre est remonté jusqu'à 2001 pour rappeler les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center aux Etats-Unis. D'un air très sûr, il a affirmé: «Aucun pays n'est à l'abri de la menace terroriste.» En marquant un pas sur des faits antérieurs au 11 décembre 2007, le ministre voulait apporter une précision quant à la contradiction des critiques des responsables de l'ONU qui reprochent à Alger de n'avoir rien fait pour éviter l'attentat. «Avant les attentats du 11 septembre 2001, les deux tours avaient déjà fait l'objet d'une attaque. Alors pourquoi ils n'ont rien fait pour éviter le pire», a-t-il tonné. Concernant la demande faite par l'ONU pour renforcer le dispositif de sécurité au niveau du siège des représentations de l'institution à Alger, le ministre a indiqué: «Il n'est pas logique de transformer une institution en une banque d'agents.» Vu le nombre des institutions officielles et des représentations diplomatiques, il est difficile d'assurer les besoins de chacune. Le responsable de la sécurité de l'ONU à Alger avait, pour rappel, officiellement demandé aux autorités algériennes un renforcement des mesures de sécurité, peu après les attentats suicides dans la capitale algérienne en avril 2007. «Le gouvernement n'a pas répondu à cela, c'est un fait établi», a déclaré mercredi dernier Kemal Dervis, responsable du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Evaluant la situation sécuritaire, le ministre a estimé que les attentats démontrent la faiblesse des groupes terroristes.