Selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales, l'Etat est contre la constitution, par l'ONU, d'une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre. Noureddine Yazid Zerhouni a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures, puisque l'ONU n'a pas cherché à enquêter sur les attaques terroristes commis dans les autres pays. Sollicité par les journalistes à sa sortie de l'hémicycle Zighoud-Youcef, après avoir répondu aux questions orales des députés, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a clairement rejeté l'option de la constitution d'une commission d'enquête indépendante sur les attentats du 11 décembre dernier, telle qu'annoncée par le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon. Ce dernier a effectué, le 18 décembre, un déplacement de quelques heures à Alger pour constater par lui-même l'ampleur des dégâts provoqués par les attaques terroristes qui avaient ciblé, une semaine auparavant, le nouveau siège du Conseil constitutionnel, mais aussi les représentations à Alger du Haut Conseil aux réfugiés (HCR) et du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), faisant 17 morts parmi le personnel de l'ONU. Il n'avait alors pas exprimé publiquement une quelconque volonté de se suppléer aux services algériens de sécurité pour faire toute la lumière sur ces attentats. Le 14 janvier, le secrétaire général des Nations unies annonce tout de go la mise en place d'un groupe d'experts internationaux qui seront envoyés à Alger pour mener des investigations sur les attentats du 11 décembre et établir par là même une stratégie de sécurisation des sites occupés par les missions onusiennes dans la capitale algérienne. Il semblerait justement que le dispositif déployé jusqu'ici par l'ONU pour protéger ses représentations à Alger n'était pas particulièrement important malgré les menaces persistantes des groupes armés et les expériences déjà vécues dans d'autres pays comme l'Irak. La décision de Ban Ki-moon d'envoyer une commission d'enquête indépendante, vraisemblablement sans obtenir au préalable l'accord des autorités algériennes, met en cause quasi-exclusivement la responsabilité de l'Algérie à protéger des sites stratégiques. C'est probablement ce qui incommode la présidence de la République et le gouvernement algériens. Paraissant particulièrement contrarié par une annonce, relayée par les médias dans le monde entier, Noureddine Yazid Zerhouni ne s'est pas encombré du discours diplomatique pour fustiger une mesure qu'il juge inopportune. “Je ne vois aucune utilité à la création d'une telle commission. Quels sont les moyens extraordinaires que l'ONU mettra en œuvre pour enquêter sur les attentats du 11 décembre ? A-t-elle une baguette magique qui nous permettra d'aller faire sortir les auteurs de ces attentats du maquis ?”, s'est-il interrogé. Sur un ton tout aussi mordant, le ministre de l'Intérieur a reproché au secrétaire général de l'ONU de se comporter comme une “fausse vierge effarouchée”, en ce sens qu'il semble s'inquiéter démesurément de ce qui s'est passé à Alger, bien que “les institutions de l'ONU, à travers le monde entier, ont été ciblées par le terrorisme”. Il a cité notamment l'exemple de l'Irak, mais aussi les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington, pour montrer qu'aucun Etat n'est à l'abri du terrorisme y compris la superpuissance incarnée par les Etats-Unis. “Faire face aux attentats terroristes nécessite une vigilance permanente. C'est pour cette raison que nous avons toujours appelé à la mobilisation et à la vigilance des citoyens”, a-t-il précisé. Afin de signifier définitivement le refus de l'Algérie d'accueillir une commission d'enquête indépendante, le ministre de l'Intérieur s'est interrogé, une nouvelle fois, sur les raisons qui ont empêché les Nations unies de proposer “leur solution magique lorsque l'Algérie combattait seule le terrorisme”. Souhila H.