L'Algérie enregistre 80.000 avortements chaque année. Les opérations d'avortement, souvent effectuées par des personnes non spécialisées ne sont pas sans conséquence sur la santé des femmes. Rien que pour l'année 2007, on a relevé le décès de 70 femmes âgées de 18 à 30 ans. Pour un avortement, il est exigé 35.000DA. Pour la même année, l'on a enregistré l'arrestation de 16 personnes dont 5 femmes ayant illégalement pratiqué des avortements. Les spécialistes relèvent, en outre, un vide juridique flagrant, qui constitue souvent un véritable obstacle, quant au déroulement des procédures. L'avortement est un acte puni par des articles du Code pénal, sauf s'il est effectué dans l'intérêt de la mère. Souvent abandonnées après un accouchement, ces mères célibataires sont livrées à elles-mêmes. Sans soutien, elles font face à une situation perpétuellement conflictuelle. Elles sont jugées immorales, marginalisées et exclues de la société. Celle-ci n'intégrant que les cas de naissance par la voie du mariage. Un fait qui porte également un préjudice aux enfants nés dans ce cadre, puisque 50% d'entre eux échouent dans la vie sociale. La prévention et la sensibilisation sont, pour l'heure, les seules perspectives qui s'offrent pour tenter une réhabilitation de ces femmes et de ces enfants «indésirables». Le phénomène de l'avortement est en passe de devenir un véritable drame social. Alertée, l'Association algérienne pour la planification familiale de Constantine, a organisé une journée d'étude portant sur l'avortement à risques. Cette manifestation, qui s'est déroulée au Centre national pour la formation des personnels d'encadrement des handicapés d'El Mansourah, a rassemblé plusieurs personnalités, de différents horizons, lesquelles se sont efforcées de cerner le problème. Aussi, maître Mohamed Benouar, avocat au barreau de Constantine, le professeur Bouarroudj de l'établissement de l'hygiène sanitaire de Sidi Mabrouk, le professeur Mohamed Kherbiche, médecin consultant au niveau de la Cnas et de nombreux spécialistes, se sont penchés sur la question de l'avortement. Ils sont arrivés à la conclusion que l'avortement doit être géré suivant le principe de la prévention et par des campagnes de sensibilisation, en adoptant des moyens permanents. Le chapitre relatif à la prise en charge des mères célibataires a été également au centre des débats. Par ailleurs, les participants à cette rencontre ont eu à débattre également de la mortalité et de la morbidité maternelle directement liée à l'avortement. Il a été également question de développer le chapitre relatif à la prise en charge, notamment pour les enfants qui naissent sous «x», au plan de la psychologie clinique et psychosomatique.