Il n'est pas donné à tout le monde de jouer dix matches sans connaître la défaite. S'il est une équipe qui progresse à petits pas dans le championnat de la division1, c'est bien la JSM Béjaïa. Septième, ex aequo avec l'USM Annaba et l'USM Blida, avec un total de 22 points, elle se situe dans le ventre mou du classement de la compétition nationale, là où, généralement, on dit qu'on n'a rien à ambitionner, ni à craindre. Mais le championnat n'étant qu'à sa 17e étape, il va lui falloir encore batailler pour obtenir ce qu'elle cherchait depuis le début de la saison, à savoir le maintien. Un tel objectif pousse à se poser des questions puisqu'on a à faire à une équipe qui, la saison dernière, avait terminé sur le podium, à la 3e place et qui se prépare à jouer la coupe de la CAF. C'est oublier que durant l'intersaison estivale, la JSMB a subi une véritable purge, le gros de son effectif de joueurs ayant préféré tenter sa chance ailleurs. Une telle situation oblige à faire son possible pour permettre à l'équipe de démarrer et quand les moyens sont inexistants, il n'est guère aisé de répondre convenablement à un tel besoin. Par moyens, on entend les finances sans lesquelles toute politique de développement est vouée à l'échec; et sur ce plan-là, la JSMB est certainement le seul club de la division1 qui ne reçoit, pratiquement, aucune aide des autorités locales. Contrairement aux autres localités du pays, celles de Béjaïa ne semblent pas être portées sur le sport, encore moins le football. C'est du moins ce que ne cessent de répéter les dirigeants du club béjaoui qui ont à plusieurs reprises menacé de mettre la clé sous la porte. Ils ont, pourtant, fait un effort et réussi à enrôler des joueurs pour sauver ce qui pouvait être sauvé. Mais ces dirigeants-là ont commis une grosse erreur, celle de recruter un entraîneur franco-croate, répondant au nom de Cvetkovic, alors que celui qui avait assuré la préparation de l'équipe, El Hadi Khezzar, ne manque ni de diplômes (il a fait l'ITS), ni d'expérience, lui qui a été un bon joueur à l'USM Aïn Beïda. Après une entame de championnat de bonne facture (un nul au Khroub, une défaite à domicile devant une USM Alger en super forme alors, et une victoire chez le CABBA), on a préféré «débarquer» Khezzar pour ramener Cevtkovic. La suite fut catastrophique avec trois défaites de suite (JSK, USMAn et MCS) dont deux à domicile. Les Béjaouis ont, alors, eu la chance de revoir très rapidement leurs calculs pour congédier le Franco-Croate et rappeler Khezzar à la barre technique. Avec le retour de celui-ci c'est à une autre JSMB qu'on a à faire. Une JSMB qui depuis le match nul à Alger face à l'OMR, lors de la 8e journée, a aligné une série de dix matches sans défaite. Jusqu'à présent, aucun autre club de la D1 n'a fait mieux ou autant. Dix matchs au cours desquels l'équipe béjaouie a obtenu 4 succès et 6 matches nuls avec des déplacements chez des équipes aussi huppées que l'ES Sétif et l'USM Alger. C'est dire que cette performance ne relève pas de la chance. Elle est le fruit d'une prise de conscience des joueurs et du savoir-faire d'un entraîneur qui est en train de se faire un nom. Il et vrai que la JSMB est loin d'être à l'abri d'une mauvaise surprise en fin de saison, mais sur ce qu'elle a démontré jusqu'à présent, elle semble être en mesure de s'en sortir. Ce sera un très beau cadeau que les joueurs feront à leur président Boualem Tiab, lequel malgré la maladie, ne veut pas laisser tomber ce club.