Et pourtant les professionnels du secteur restent sereins. Des paysages grandioses, des sites magnifiques, alliant les plaisirs de la montagne aux joies de la mer, la wilaya de Tizi Ouzou, que d'aucuns ont appelée, un certain moment, la petite Suisse, voit son tourisme péricliter. Toutefois, les professionnels du secteur restent sereins. Avec ses montagnes aux vues imprenables, ses sites archéologiques qui témoignent de la riche histoire de la région, ses plages de sable fin, ses luxuriantes forêts, sans oublier son riche et vivant artisanat, allant de la poterie de Maâtkas aux bijoux en argent de Beni Yenni, en passant par les magnifiques tapis d'Ath-Hichem, la Kabylie est l'un des plus importants sites touristiques du pays. La capacité hôtelière de cette région est, souvent, d'un bon standing, notamment dans les hôtels de la côte. A Tigzirt, ou encore à Tizi Ouzou-Ville, avec les hôtels Amraoua, Lalla Khedidja, pour ne citer que les établissements qui ont pu conserver un certain rang. La wilaya compte 31 établissements toujours fonctionnels, 4 autres étant actuellement fermés. C'est le cas de l'hôtel El-Arz à Tala-Guilef dans le Djurdjura, La Cantina, sur le CW128 entre Tizi Ouzou et Boghni, tous deux fermés vu la situation sécuritaire et l'hôtel Tiniri de Boghni, parti en fumée, lors des événements du printemps noir. Certes, avec l'apparition du terrorisme, le touriste est quelque peu frileux quand il s'agit de rendre visite à la grotte du Macchabée dans le Djurdjura, ou encore pour admirer un lever de soleil près de la Main du juif. Mais là, où l'on n'arrive difficilement à comprendre, c'est lorsqu'il y a crainte de s'abreuver à la fontaine fraîche près de Yakouren, d'admirer la Kabylie, depuis le belvédère d'Azerou n'Thor ou encore de revisiter l'Histoire, en se recueillant sur la tombe de l'un des rois de Koukou à Tizit, dans la daïra d'Iferhounène où l'on peut se replonger dans le passé en visitant les fameuses tombes des géants d'Ath-Qalous. Autant de merveilles que l'on peut admirer, sans crainte aucune, la région étant plus que sécurisée. D'autres expliquent leur frilosité à se rendre en Kabylie, par peur, disent certains, des événements du printemps noir. Certes des événements ont eu lieu et continuent en certains endroits. Mais que les esprits chagrins se rassurent. Et que tout le monde sache que, jamais, au grand jamais, un touriste, qu'il soit de Djanet, d'Oran ou d'Amsterdam, n'a été inquiété. Les manifestations n'ont jamais signifié une déclaration de guerre à l'autre. D'autant que le calme revient progressivement. Au plus fort des événements, des nuisances ont été observées: une route barrée, ou des gaz lacrymogènes qui incommodent, quand ce n'est pas la grève qui est de la partie. Mais, depuis peu, les choses ont bien changé! Il est plus que possible de passer une nuit paisible à l'hôtel de Yakouren, dans un cadre agréable. Les plages de sable fin de Tigzirt et celle d'Azeffoun avec ses galets n'attendent plus que les touristes qui, l'année dernière, avaient boudé ces magnifiques cités balnéaires, au grand dam des commerçants de la région. Les fêtes conviviales, belles et coloriées, que sont la fête de la poterie de Maâtkas, celle du bijou à Beni Yenni ou encore la fête du tapis à Ath Hichem ont, certes, été reportées l'an dernier pour cause de deuil. Un deuil que la Kabylie exsangue a respecté à la mémoire des victimes du printemps noir. Mais la vie continue. Le directeur de l'Entreprise touristique de Kabylie, une entreprise gérant actuellement 04 unités hôtelières: Les Bracelets d'argent à Beni Yenni, l'hôtel Djurdjura à Aïn El-Hammam, ainsi que les hôtels Belloua et Lalla-Khedidja au chef-lieu de wilaya, évoque les difficultés de ces unités, qu'il souhaite «passagères», avec l'espoir chevillé au coeur de retrouver de meilleurs moments. Il évoque également, l'unité d'eau minérale Lalla Khedidja sise à Agouni-Gueghrane, dans la daïra des Ouadhias, une unité qui emploie 80 personnes et qui mérite, selon lui, «d'occuper une meilleure place». Finalement, et comme un peu partout, le tourisme dans la wilaya de Tizi Ouzou a souffert - comme Tala Guilef par exemple - d'une certaine situation sécuritaire amplifiée par la rumeur. Une rumeur souvent relayée, hélas, par une partie de la presse nationale, qui présente la wilaya comme étant «à feu et à sang», alors que l'on se doit de dire la vérité: que rien de tout cela n'existe! Certes, il n'est pas juste de dire qu'il ne s'y passe rien. Des événements, souvent sanglants, ont eu lieu dans cette province du pays, mais de là à ce que des jeunes s'en prennent à des touristes, il y a... tout un monde, celui séparant la réalité de l'affabulation. On peut, sans risque aucun, bronzer sur les galets ou sur le sable fin d'Azeffoun et de Tigzirt, s'émerveiller devant les ruines romaines de l'antique Iomnium (Tigzirt), faire du shopping dans les rues de Tizi Ouzou, et pourquoi pas une virée à Yakouren. Et si le temps le permet, aller sur Koukou et par la même occasion, admirer les tapis d'Ath Hichem et faire emplette de souvenirs avec les fameux bijoux en argent massif de Beni Yenni. Oui, la Kabylie est encore «visitable», oui, la Kabylie sait encore recevoir ses hôtes. Et pour peu qu'on arrive à faire fi de la rumeur et des «oiseaux» de mauvais augure, l'on peut s'extasier alors devant ses magnifiques panoramas qui sont d'une beauté à vous couper le souffle. La Kabylie vous attend!