L'enquête onusienne «est une injure faite à l'Algérie et aux victimes des deux attentats, dont les fonctionnaires de l'ONU». «L'enquête des Nations unies sur les attentats d'Alger du 11 décembre dernier fait ressurgir le vieux problème du "qui tue qui?"». Cette interprétation porte la signature de Farouk Ksentini, qui s'est exprimé, hier sur les ondes de la radio Chaîne III, sur entre autres, l'enquête décidée par les Nations unies au sujet des derniers attentats ayant pris pour cible, le 11 décembre 2007, les locaux de bureaux onusiens à Alger ainsi que le Conseil constitutionnel. Farouk Ksentini, invité à l'émission En toute franchise de la Radio Chaîne III, estime que l'enquête de l'ONU, telle qu'elle est décidée, suppose une remise en cause du travail fait par l'Algérie, allant jusqu'à mettre dans la cible les forces de sécurité et l'Etat algérien. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) considère, en un mot, que cette investigation onusienne est «une injure faite à l'Algérie et aux victimes des deux attentats, dont les fonctionnaires de l'ONU». Et voilà, donc, une autre mise au point pour le secrétaire général de l'ONU qui semble faire marche-arrière suite à l'effet boule de neige qu'a pris cette affaire. Farouk Ksentini s'est interrogé sur l'utilité de cette enquête, «si ce n'est pour humilier l'Algérie». Flash-back sur le rapport annuel remis au chef de l'Etat: encore du recul, mais de petites avancées aussi sur la piste des droits de l'homme en Algérie, à en croire l'invité de la Chaîne III. Quelques progrès: «Les droits de l'homme vont mieux et les progrès sont accompagnés par des mesures concrètes tels la réforme de la justice et le retour de la paix civile.» Toutefois, les droits sociaux sont en perpétuelle dégringolade, reconnaît Farouk Ksentini, soulignant la difficulté d'accès au logement, aux soins, à la scolarisation et à l'emploi, avec comme dose de trop, des signaux d'une mal-vie et d'une tension sociale à couleur grisâtre. A cela s'ajoutent des lenteurs dans l'exécution des décisions de justice, une détention préventive trop étalée dans le temps, ainsi que la non-application des textes de loi dans plusieurs domaines, à l'instar du nouveau Code de la famille. Ces lacunes énumérées par Farouk Ksentini font partie, selon lui, des chantiers liés à la situation des droits de l'homme, mais qui accusent de grands retards. L'avocat des droits de l'homme termine en accusateur, pointant du doigt l'administration qui, selon lui, «ne respecte pas le citoyen et ne reconnaît pas ses droits». Pour justifier la crédibilité de sa récrimination, Me Farouk Ksentini explique que «toutes les tentatives de médiation dans des conflits opposant l'administration au citoyen qu'a menées sa commission n'ont pas abouti, parce que l'administration ne reconnaît pas les droits du citoyen et nous sommes souvent sujets de mépris qui entrave notre mission, pourtant légitimée par un décret». A propos des Algériens détenus dans les prisons étrangères, le président de la Cncppdh a fait comprendre que 56 ressortissants algériens croupissent dans les prisons libyennes, 32 en Tunisie, des enseignants étaient détenus et torturés en Egypte avant d'être expulsés vers l'Algérie. «Nos ressortissants à l'étranger sont victimes de la décennie 90 et sont souvent traités en suspects», a-t-il estimé en conclusion.