En moins de vingt-quatre heures, le parcours du Sénégal dans la CAN-2008 a tourné au fiasco avec une sévère défaite contre l'Angola (3-1), dimanche, réduisant pratiquement à néant ses chances de qualification en quarts de finale, et la démission de son sélectionneur Henri Kasperczak, annoncée lundi. Après deux sorties sans relief et seulement un point au compteur (ndlr: 2-2 contre la Tunisie lors du premier match), le technicien polonais s'est trouvé à court d'arguments et de solutions pour relancer une formation venue au Ghana avec de hautes ambitions mais finalement trop limitée pour espérer se frayer un chemin au prochain tour. Dès la sortie du stade de Tamale, dimanche soir, il a ainsi renoncé à un poste qu'il occupait depuis juillet 2006. En vieux routier de l'Afrique (il a notamment entraîné la Côte d'Ivoire, la Tunisie, le Maroc et le Mali), Kasperczak savait que son maintien en poste ne survivrait pas à l'humiliation subie contre les Palancas Negras et à l'élimination qui se profile. «Après la défaite contre l'Angola, j'ai présenté ma démission au président de la Fédération sénégalaise, a-t-il déclaré lundi au cours d'une conférence de presse organisée dans la résidence de la sélection sénégalaise. J'assume entièrement ma responsabilité au niveau des résultats. Le seul responsable, c'est moi.» «J'ai donné ma démission pour peut-être déclencher quelque chose dans cette équipe, a-t-il ajouté. Ce sera peut-être pour elle un déclic pour la suite de la compétition.» Même si, mathématiquement, les Lions de la Teranga ne sont pas encore éliminés, l'électrochoc souhaité par Kasperczak semble bien improbable tant les Sénégalais se sont montrés d'une affligeante médiocrité lors de leurs deux premières rencontres. Une attaque aphone à l'image du duo Niang-Diouf, une défense aux abois, qui a tout de même encaissé cinq buts en deux matches, et un collectif qui se délite à la moindre contrariété: tels sont les symptômes du mal sénégalais, quasiment incurable. «Je n'arrive pas à comprendre la baisse de régime contre l'Angola en seconde période, a affirmé Kasperczak. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on montre deux visages. Il y a eu des manquements individuels de certains joueurs qui n'étaient pas au niveau de la compétition et qui n'ont pas joué à leur vraie valeur». Le constat est terrible pour un groupe dont la totalité des membres évolue à l'étranger et qui avait, sur le papier, largement les moyens de figurer en bonne position dans un groupe D certes homogène (avec la Tunisie, l'Afrique du Sud et l'Angola) mais à sa portée. Mais Kasperczak n'est en fait jamais parvenu à faire de ce conglomérat de vedettes une véritable équipe, malgré «les bonnes relations» qu'il dit avoir entretenu avec ses joueurs. «A un certain moment, vous vous demandez si cette équipe a une âme pour aller loin et réussir. Après la déception d'hier (dimanche, ndlr), j'ai réfléchi et je me suis dit que peut-être c'est à cause de moi, de ma gestion du groupe. On peut considérer cela comme un échec», a-t-il ainsi indiqué, visiblement amer. La tâche qui attend désormais son successeur par intérim, l'ancien adjoint Lamine Ndiaye, est gigantesque et presque impossible. Il s'agit de remobiliser une sélection qui n'a plus son destin entre ses mains pour un dernier affrontement contre l'Afrique du Sud, jeudi, et éviter de voir ses joueurs sombrer dans une sourde lutte de clans, déjà visible sur le terrain, dimanche, avec un accrochage verbal entre Diouf et Kamara. Ne reste plus en fait au Sénégal qu'à croire au miracle: celui qui lui avait permis en 2006 en Egypte de se qualifier pour les quarts de finale avec une seule victoire et deux défaites.